Les jeux vidéo ont bien sûr aussi le pouvoir de nous faire passer des messages, et l’écologie fait partie d’entre eux depuis bien longtemps. La preuve avec cette sélection de quelques jeux dont les messages sont différents mais toujours efficaces.
On le sait, l’industrie du jeu vidéo a un impact conséquent sur le réchauffement climatique. Et si les principaux constructeurs ont conscience du problème et mettent en place des normes qui permettent de réduire la consommation d’énergie des consoles, le développement du Cloud Gaming posera à terme un gros problème.
Mais à une autre échelle, le jeu vidéo peut aussi, au même titre que tous les autres domaines culturels, bousculer les consciences et faire avancer des causes. L’écologie en fait bien sûr partie, et ce depuis plus longtemps que ce que l’on pourrait imaginer. Que leur message soit subtil ou direct, les studios de développement ont entre les mains d’incroyables outils pour nous encourager à la projection, vers un futur que notre instinct de survie refuse habituellement de concevoir.
FFVII Remake : un message plus profond qu’il n’y parait
Pour trouver un premier exemple de jeu vidéo qui s’attaque au problème écologique, il n’y a pas besoin de fouiller dans les tréfonds de Steam et ses trésors indépendants. L’un des plus grands succès de l’histoire de l’industrie, sorti en 1997, plaçait déjà le thème de la consommation d’énergie au cœur de son scénario. Et ce n’est certainement pas un hasard. La même année, on signait les accords du protocole de Kyoto, qui faisaient suite au rapport du GIEC (oui, déjà) de 1995, alors que Square Enix débutait tout juste le développement du nouvel opus de sa série phare, Final Fantasy VII.
Le héros du titre, Cloud, est présenté comme un éco-terroriste. Avec son collectif AVALANCHE, il lutte contre la Shinra, une multinationale véreuse qui produit de l’énergie Mako à l’aide d’énormes réacteurs, sans se soucier des conséquences environnementales. A première vue, le message ici est assez simple à entendre : la notion d’harmonie entre les humains et la nature sera indispensable à la survie de l’espèce.
Mais plus on avance dans le jeu, plus le message en apparence enfantin se transforme, pour mettre en avant l’ironie de la situation. Au détour d’une rencontre, on apprend que c’est bien l’énergie Mako qui permet d’alimenter les ordinateurs et donc, les consoles de jeu… L’un des lieux les plus impressionnants graphiquement et les plus amusants à parcourir pour les joueuses et les joueurs, le parc d’attractions Gold Saucer, fonctionne entièrement grâce à l’énergie Mako, qu’il a fallu récupérer en construisant un réacteur au détriment des populations locales…
Pour Cloud, c’est le début d’une réflexion nouvelle, et l’arrivée des premiers compromis. La joueuse ou le joueur se retrouve alors devant sa propre culpabilité de consommateur, et ses propres arrangements avec ses principes. Un choc qui n’avait pas vraiment été reçu comme tel en 1997. Mais 23 ans plus tard, la sortie de Final Fantasy VII Remake a résonné différemment pour une nouvelle génération, bien plus consciente des enjeux du siècle.
Frostpunk : la carte sensible de la morale
Il est évident que les jeux de gestion, et les city-builder en particulier, forcent les joueuses et les joueurs à s’interroger sur les conséquences à long terme de leurs actes. Dans le célèbre SimCity déjà, il était question de veiller, entre autres, à la pollution de l’air, pour la santé des habitants. Mais Frostpunk, développé par 11 bit Studios et sorti en 2018, nous met dans la position de nos descendants, survivants d’une catastrophe climatique qui a laissé la planète recouverte de neige et paralysée par le froid.
Un gigantesque générateur de chaleur servira de point de départ à l’expansion de votre colonie de survivants, qui devra réussir, comme toujours, à exploiter les ressources à disposition pour assurer sa survie. Mais la seule ressource qui compte ici, c’est l’énergie. Cette chaleur indispensable à la vie humaine, qui vous conduira à faire des choix qui vous priveront, justement, de toute humanité.
Car vous n’aurez jamais assez de monde en bonne santé pour prospérer comme bon vous semble. Pour la survie du groupe, vaut-il mieux faire travailler les enfants dès le plus jeune âge, ou choisir de ne pas gaspiller de ressources en continuant de nourrir les plus âgés ou les personnes handicapées incapables de travailler ? Le genre de dilemme qui nous pousse à reconsidérer notre rapport à la consommation d’énergie, et l’influence de celle-ci dans ce qui constitue la condition humaine, son socle de valeur, et sa morale.
Les Sims 4 DLC écologie : à l’échelle du citoyen
Un peu moins subtil, le DLC Ecologie des Sims 4, sorti en 2020, a en revanche le mérite d’ancrer son message dans le réel, simulation de vie oblige. Recyclage, réduction de la consommation en fabriquant soi même ce dont on a besoin, et création d’une communauté locale pour veiller à la qualité de l’air ambiant, on retrouve tous les ingrédients de la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle citoyenne. Le tout dans un jeu accessible à toutes et tous, et dont la popularité n’est plus à prouver.
Si le DLC s’accompagne de son traditionnel lot de cosmétiques qui n’échappe pas aux clichés (inspirations bohèmes et hippies modernes), Les Sims 4 Ecologie, un peu comme l’Académie Française le fait avec l’argot, valide le fait que ces nouvelles habitudes de consommation sont désormais à la portée de tous.
Tchia : ne plus dominer la nature ?
Beaucoup de jeux vidéo ont l’ambition de connecter les joueuses et les joueurs avec leur environnement. De plus en plus de mondes ouverts sont développés pour stimuler la découverte, et mettre l’exploration au cœur du gameplay. Mais la plupart du temps, on retrouve la notion d’exploitation. Dans les jeux de survie par exemple, il faudra se servir de ce que la nature a à offrir pour continuer la partie.
Mais le jeu Tchia, attendu dans le courant de l’année 2022, semble vouloir envoyer un autre message. Développé par Acaweb, Tchia est un jeu d’exploration dont le principal objectif sera de rendre hommage à la culture de Nouvelle-Calédonie, et notamment son rapport harmonieux avec l’environnement. Pour l’illustrer, la mécanique principale du titre vous permettra de vous transformer en animal afin de parcourir le monde ouvert. Une belle manière de mettre en avant les liens intimes qui unissent le vivant, dans un jeu qui encore une fois devrait être accessible au plus grand nombre.