Décryptage

Disiz : un parcours hors norme dans l’histoire du rap français

08 mars 2022
Par Grégory
Disiz : un parcours hors norme dans l’histoire du rap français

Du rap-pop au hip-hop pur en passant par le rock, de Disiz La Peste à Disiz tout court, voilà un artiste jamais là où on l’attend vraiment. Pour son nouvel album, L’Amour, le rappeur parcourt toutes les influences qui en ont fait l’un des incontournables de la scène urbaine francophone. Retour sur une carrière en dehors des normes.

Au commencement, Disiz la Peste, celui qui pétait un plomb

Le poisson rouge« J’pète les plombs, p*tain, j’pète les plombs, p*tain, j’pète les plombs ; j’ai tout perdu ma femme mon gosse mon job… ». A l’été 2000, ce refrain de Disiz La Peste envahit la bande FM. Avec son single J’pète les plombs, dans lequel il se met dans la peau de l’antihéros du film Chute libre, Sérigne M’Baye Guye fait une entrée fracassante dans les charts. La chanson possède tous les ingrédients d’un tube : s’éloignant des canons du rap dur, le morceau est à la fois drôle et grinçant, mélodieux et entraînant, et s’avère vite universel.

Un succès fulgurant

Jeu de sociétéLe single figure sur un premier album, Le Poisson Rouge, qui montre toute l’étendue du talent de l’artiste. Son rap imagé, sa plume maline, qui lui ont permis d’émerger de son premier groupe, Rimeurs à gage, explosent littéralement. Le jeune homme de 22 ans est alors adoubé par deux grandes figures rap de l’époque, présentes en featuring sur le disque : Akhenaton d’IAM et Joeystarr, d’NTM, qui l’a découvert deux ans plus tôt.

Les histoires extra ordinaires d'un jeune de banlieueCe premier opus devient une carte de visite : albums, mixtapes, marque de vêtements et mise en lumière de ses amis rappeurs (originaires d’Évry, sa ville), s’enchaînent. Musicalement, outre le rap, il s’adonne à une carrière de plus en plus pop, comme le montre sa participation au film Dans tes rêves, son duo avec Yannick Noah sur Métis(se). La sortie des Histoires extra-ordinaires d’un jeune de banlieue coïncide avec les émeutes de 2005. Interrogé sur la situation à la télévision, Disiz plaide pour une troisième voie, à une époque de tension extrême et de prise de position entre population des quartiers et état policier.

Des parenthèses enchantées

LDans le ventre du crocodile’aura de Disiz va changer à partir de cette époque. Ne souhaitant plus apparaître comme un rappeur, et voulant s’éloigner du courant bling-bling qui s’impose à la fin des années 2000, il rejoint des indépendants, dont Grems, pour participer à un album electro sous le nom collectif de Rouge à lèvres. Il adopte aussi le pseudonyme de Peter Punk, sous lequel il enregistre un disque rock, Dans le ventre du crocodile.

Les derniers de la rue PontyEn 2009, sous son vrai nom, il publie également son premier livre, Les Derniers de la rue Ponty, qui le voit « visiter » le pays de son père, le Sénégal. Par l’écriture, il aborde de manière plus sombre qu’à l’accoutumée le tiraillement des racines et la vie d’une société qu’il connaît bien, à travers sa famille locale.

Un nouvel élan

Extra-lucide - DigipackDepuis dix ans, Disiz a repris le rap, mais a changé de stature. Désormais un vétéran, il s’est d’abord distingué avec la trilogie Lucide, Extra-Lucide, Transe-Lucide, dans laquelle il explorait de nombreux courants, et revenait sur différents âges de la vie. Cette œuvre dense et mature a montré le cheminement d’une star « pop » qui effectuait là un retour aux sources.

L'AmourNourri de ses différentes influences et d’une carrière très riche, c’est en artiste sûr de lui et généreux que Disiz apparaît ces derniers temps. Son nouvel album, L’Amour, le voit se frotter à la jeune génération, avec des featurings de Damso, Yseult et Archibald Smith. Comme un symbole qu’en changeant plusieurs fois de dimensions et de style, le garçon a réussi à traverser deux décennies de musiques urbaines avec talent.

Article rédigé par
Grégory
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