Rééditée ce mois de décembre, Adieu, au revoir, la version augmentée du troisième album de Columbine, est l’occasion de revenir sur le parcours d’un collectif rennais qui a eu beaucoup d’influences sur le rap français ces dernières années. De leurs débuts au premier album solo de Lujipeka, on rembobine !
Columbine, des débuts tonitruants
C’est à la fin de l’année 2014 que le « buzz » Columbine démarre. Collectif rennais inconnu, à géométrie variable, le groupe commence par un malentendu : le premier clip de la formation, Vicomte, apparaît d’abord comme une sorte de parodie du rap bling bling, le MC Yro jouant le rôle d’un rappeur riche, Charles, dans une version modernisée et référencée d’Auteuil-Neuilly-Passy.
Mais bien vite, au fil des vidéos et des singles, un public jeune prend au sérieux cet étrange aréopage de vingtenaires bretons, qui composent, écrivent, produisent et tournent leurs clips en circuit fermé. Leurs morceaux s’avèrent peu à peu davantage emo qu’humoristique : le choix de leur nom (Columbine fait référence à une tuerie lycéenne qui a inspiré le film Elephant, influence esthétique du groupe), l’imagerie froide de leurs clips, les thèmes sombres de leurs paroles les distinguent de l’immense majorité des groupes de rap de l’époque. Après les singles Bluray et Fond de la classe, vient le temps du premier album : en 2016, Clubbing for Columbine, bien aidé par le tube Les Prélis, fait connaître la formation à des centaines de milliers d’auditeurs.
Une success-story collective
Si le nombre de membres de Columbine s’avère proche de la dizaine, ce sont principalement Foda C, Lujipeka et Yro qui assurent l’écriture des paroles. Un personnage associé au collectif prend peu à peu son autonomie : Lorenzo, qui démarre sa carrière solo en 2016, après être apparu dans leurs clips.
Pour créer leur deuxième album, le groupe se recentre sur la personnalité de Foda C et Lujipeka. Plus introspectif, Enfants terribles séduit un public qui semble grandir avec les artistes, acceptant largement que Columbine se montre davantage sensible que potache.
Un an plus tard, la formation reprend les chemins des studios pour Adieu bientôt, réédité en CD cette année sous le titre Adieu, au revoir. C’est un opus d’ouverture au monde : après le vase clos, les artistes invitent plusieurs beatmakers. Le tube C’est pas grave, où Lujipeka et Foda C chantent autant qu’ils rappent, les voit ainsi collaborer avec Seezy, le beatmaker de Vald.
Cet ultime opus révèle le projet de Columbine : de la trap à l’electropop, les Rennais ne veulent pas se limiter, en proposant une musique diversifiée. Le thème de la mélancolie et de la noirceur semble davantage un dénominateur commun entre les chansons que leur ambiance sonore.
Vers des carrières solos
Après trois ans au sommet, la bande de potes de lycée devenue phénomène du rap français se devait d’explorer de nouveaux horizons. La sortie du premier E.P. de Lujipeka en solo, en 2019, L.U.J.I., participe aussi d’un éloignement entre les deux MC : le garçon voulait aborder des thèmes encore plus personnels. Seule une expérience en dehors de son groupe pouvait lui apporter.
Et le pari est réussi : sur Montagnes Russes, il s’est émancipé de sa formation d’origine et à créer une esthétique différente. En attendant que Foda C lui emboîte le pas, l’après-Columbine s’avère une période faste pour l’emo-rap à la française !
