Après une succession de freestyles et la trilogie des clips du fugitif, Guizmo vient de sortir son premier album. Si certains de ses soss de L’Entourage sont présents sur quelques tracks, Guizmo n’a pas choisi la facilité de se noyer dans d’innombrables feats mais nous propose plutôt un album solide dans lequel il préfère laisser parler sa technique. Alternant prods lourdes et old school, il balance ses lyrics explicits en rappant la rue et ses cotés sombres…
L’album démarre avec le titre Guizmo, morceau tranquille (avec une flute très soul/jazz 70’s) qui sert de carte de visite pour introduire le rappeur et son univers (la rue, les galères, le biz, les keufs, la beuh, les meufs, le rap…), Guizmo se présente avec un flow soutenu en décalage avec la prod calme, mais l’alchimie se fait toute seul et le morceau déroule comme un long freestyle sans réel refrain. Le 2ème titre Normal est produit par DJ LO, accessoirement DJ de 1995 et de L’Entourage, l’ambiance est là encore très cool, illustrée par une prod au sax jazzy, le flow est moins percutant que sur le morceau précédent, mais Guizmo délivre tranquillement la marque de fabrique maison « 5 ‘teilles de Ballantines c’est normal« qui l’avait fait buzzer au Rap Contenders. Avec Ramène moi n’importe lequel, on rentre dans le clash, sur une prod lourde et sombre de Nizi qui me fait penser à Mobb Deep période récente, Guiz est plus en mode vénère dans son flow. Le 4ème morceau s’appelle Sales Babtous d’negros, on retrouve Nekfeu et Alpha Wann en feat, la prod (de Nizi) tourne avec une boucle de boite à musique, chacun rappe avec son flow si personnel (rapide pour Nek, fluide pour Alpha, soutenu pour Guiz).
Dans Ma ruche, l’ambiance est encore différente, sur une prod plutôt rapide de Igoom avec un sample soul et une voix pitchée, la couleur musicale est festive alors que les textes traitent de galère, de biz ou de défonce. C’est là que j’ai réalisé que Guizmo avait une oreille très large musicalement et qu’il pouvait rappé sur toutes sortes de beat. On continue par Marqué par la vie, ambiance old school rap US genre Boom Bap des années 90, c’est par contre l’un des morceaux qui m’a fait le moins d’effet, je ne suis tout simplement pas arrivé à rentrer dedans.
Solitaire arrive ensuite, là par contre j’ai bien kiffé, Guiz est accompagné par ses soss de L’entourage, sur une prod qui déroule toute seule Eff Gee démarre le track, puis Guizmo et Doum’s rappent ensuite chacun leur couplet. Seul regret, Jazzy Baz participe à la teuf mais seulement au refrain, dommage, j’ai bien aimé la vibe du morceau et j’aurai apprécié l’entendre plus longuement. On continue avec Freestyle mémorable, titre très court (1mn28) sur lequel Guizmo rappe son passé sur une prod mixant cuivres et filtres ambiance electro, c’est pas le titre que je préfère.
La 2ème partie de l’album démarre avec J’te déteste, construit autour d’une boucle répétitive et obsédante de DJ LO pour un thème sur la dépendance face à l’alcool, j’ai aimé les textes profonds et la manière violente dont Guizmo les fait partager. Je regrette juste que le thème ne soit pas développé plus longuement, j’ai juste le sentiment d’un freestyle construit plutôt qu’un véritable morceau. Vient ensuite Back in the dayz, prod de Igoom, accompagné par Alpha Wann, on repart pour un voyage old school (avec des cuivres jazzy), comme l’indique le titre d’ailleurs. Chacun se remémore son passé, dans une ambiance joyeuse qui contraste totalement avec le morceau précédent. On enchaine avec Alcool et bédo, sur une prod de L-Rey plus carrée, plus lourde, plus Mobb Deep peut-être un peu, Guiz kick salement sur ce track, ça sent grave le vécu. Le 12ème morceau s’intitule Le premier chagrin du jour, texte plutôt négatif qui souligne la spirale infernale du mal être, avec une harpe ou autre instrument à cordes qui accentue cette sensation de tristesse. Il a une atmosphère mais ça ne restera pas comme un de mes titres préféré, j’ai pas trop aimé la voix féminine qui revient au refrain en fait. Par contre les 3 derniers m’ont bien scotché chacun avec leur univers propre. Le 13ème s’intitule L’Entourage, c’est clairement l’hymne du collectif pour l’instant, le rythme est enlevé, le track a la pèche, 2Zer démarre avec son flow caractéristique, Deen Burbigo kick son couplet comme il faut, avec son grain de voix si particulier (quand je pense que j’aimais pas son style les 1ères fois que je l’avais écouté, il m’a bien lavé les oreilles depuis, trop efficace ici !), Nekfeu est au refrain et Guizmo clôture le track. J’ai bien aimé la manière dont ils ont joué avec les syllabes du mot « entourage » en s’en servant pour commencer d’autres phrases. Arrive J’ai du mal, dont l’intro avec ses cordes m’a fait direct penser à Laisse pas trainer ton fils de NTM, superbe prod de Nizi, riche et mélancolique, relevée par les textes profonds de Guizmo. Enfin l’album se clôture par Demer, track au format freestyle avec une prod répétitive où Guiz laisse son flow parler pour lui.