À une époque où la K-Pop est devenue un phénomène mondial, la pop japonaise se rebiffe. Avec les sorties en Occident des albums de The Gazette côté Visual Kei et de LiSA pour la J-Pop, les principaux genres du Pays du Soleil Levant font de la résistance. Retour sur l’histoire de ces courants qui ont inspiré la musique populaire asiatique dans son ensemble.
Le Japon, un pays de rock et de pop
Si la culture japonaise a longtemps été imperméable aux arts occidentaux, l’arrivée de la radio a rebattu les cartes : dès les années 1920, le jazz et la variété traditionnelle y ont été largement diffusés. Après-guerre, l’influence de l’occupation américaine a fait le reste, le rock’n’roll et la pop se répandant auprès des jeunes générations. D’Elvis aux Beatles, en passant par Deep Purple, nombreux sont les artistes de l’Ouest a avoir conquis le cœur des Japonais lors de leur apparition.
Il n’en fallait pas plus pour que le bouillonnement musical des Trente Glorieuses n’influence les artistes locaux, qui ont mêlé rock et pop aux formes traditionnelles de la musique japonaise. Outre une scène undergroud, le J-Rock a par exemple accouché de groupes folk, progressifs voire hard rock dans les années 1970. En parallèle, l’industrie du divertissement développait pour la première fois en Asie le concept « d’idole », avec des chanteuses comme Saori Minami ou les groupes Candies et Pink Lady. Inspirées des yéyés, ces stars étaient très visibles à la télévision, et ont donné à la scène musicale locale une culture de l’image qui est restée très présente encore aujourd’hui.
Les années 1980 ont peut-être représenté l’âge d’or le plus visible de la J-Pop, provoquant la création de la K-Pop de l’autre côté de la mer du Japon. Outre les stars solos, comme Akina Nakamori ou Seiko Matsuda, un groupe de cette époque comme Onyanko Club a posé les jalons de pratiques que l’on retrouve dans le show-business asiatique. Ainsi, ce « club des chatons » a intégré près de cinquante membres durant son existence, en propulsant des sous-groupes, des artistes solos labélisés et de nombreux produits dérivés.
Des collectifs à géométrie variable ont depuis prospéré : hier Tokyo Performance Doll (TPD), aujourd’hui AKB48 (et ses dérivés locaux comme SKE48, NGT48 ou NMB48, chaque métropole ayant son propre girl band) ou Checkicco, continuent d’œuvre en suivant ce modèle. Musicalement, toutes ces formations vont chercher dans la pop contemporaine les éléments les plus tranchants pour les adapter à leurs sauces. Et proposent au public une véritable féérie visuelle, chaque clip ou apparition télévisée étant soigneusement calculée côté stylisme et chorégraphie.
Le visual kei, l’incarnation du rock à la japonaise
Au pays du cosplay et des chanteuses virtuelles, l’apparence fait figure de parti-pris esthétique, même pour un artiste musical. Raison pour laquelle l’un des genres les plus populaires au Japon, le visual kei, n’a pas vraiment de définition du côté des instruments utilisés ou des gammes usitées. Il s’agit plutôt de rassembler sous une bannière commune tous les groupes de rock japonais portés sur l’apparence, bien qu’ils soient tantôt inspirés de la new-wave, à tendance pop-rock ou plus branchés hard rock ou heavy metal.
Fleuron du genre, X Japan s’inscrit dans la lignée des déguisements de Kiss et du look capillaire des Nouveaux Romantiques en Angleterre pour arborer un style complètement extravagant, qui correspond bien à leurs chansons très rock, aussi aériennes que leurs mèches.
Des précurseurs qui seront rapidement suivies par pléthores d’excellentes formations, de L’Arc-en-Ciel porté sur le rock alternatif à Versailles et son metal symphonique pratiqué par des membres en tenues rococo. Pendant musical de la culture manga et anime, le visual kei s’impose notamment dans les génériques de moult programmes connus de la télévision japonaise. Le genre a mis sur le devant de la scène quelquess nababs, comme Yoshiki, batteur et leader d’X Japan, célèbre aussi bien pour le thème d’ouverture de la troisième saison de L’Attaque des Titans que pour sa production du groupe de néo-métal japonais Dir En Grey.
À la croisée du métalcore et du J-Rock, le fleuron actuel du visual kei se nomme The GazettE. Extrêmement populaire dans l’archipel, la formation tutoie le haut des charts rock en occident grâce à des hymnes puissants et ténébreux, où guitares metal côtoient cuivres et synthés. Avec Mass, leur dixième album à paraître, le groupe entend continuer à régner en maître sur le genre, en mêlant les influences de Bring Me The Horizon et des particularismes bien nippons dans l’emphase de l’interprétation, notamment.
La J-Pop, toujours source de succès
Dans les charts japonais actuels, les chansons R&B d’Hiraidai voisinent avec l’électropop littéraire de Yoasobi ou le rock indé de Radwimps. Autant d’artistes qui occupent les top singles grâce à leur incursion dans les domaines du générique d’anime, du cinéma ou à l’occasion de prestation notable à la télévision.
Ce visage de la J-Pop, plus traditionaliste sans doute que la K-Pop mais tout aussi intéressant, se révèle chez LiSA (de son vrai nom Risa Oribe). Connue grâce à ces participations à des thèmes d’anime comme Sword Art Online ou Demon Slayer, la chanteuse s’est avérée être l’une des interprètes les plus aimées au Japon ces dernières années, comme l’atteste son album anniversaire Ladybug, célébrant dix ans de carrière au top, emblématiques de la fraîcheur d’une artiste à suivre !