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Les Enfants terribles de Cocteau n’ont pas pris une ride

09 février 2021
Par Le Cercle Littéraire
Les Enfants terribles de Cocteau n'ont pas pris une ride

LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Marie de M. (Angers). Les Enfants terribles est un roman de l’artiste français Jean Cocteau, paru en 1929. Il fait partie des œuvres clé de Cocteau, à la fois sombre et poétique.

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Les Enfants terribles

Le coup de cœur de Marie de M. (Angers)

Paul, Dargelos, et Elisabeth

Paul est le frère d’Elisabeth, une jeune fille au caractère de fer. L’histoire s’ouvre sur un évènement traumatisant de l’enfance de Paul. A quatorze ans, celui-ci fait partie des victimes d’un jeu d’école qui se transforme en bataille. Il reçoit une lourde boule de neige au creux du ventre. Il ne s’en relèvera jamais, toute sa vie sera marquée par la boule de neige et son lanceur Dargelos, fantasme inavoué et violent de Paul adolescent. Elisabeth est depuis longtemps devenue la femme du foyer, remplaçant sa mère. C’est elle qui berce et guérit Paul, tout en animant en lui un perpétuel amour par la reconnaissance et une éternelle haine par la dépendance. Elisabeth et Paul sont liés par « le jeu », l’illusion d’un monde fait d’imaginaire et de réel qui n’appartient qu’à eux et qui est entretenu avec passion par Elisabeth. Paul sera celui qui subit, le sacrifié, celui qui voue un culte à une sœur sauvage, dominatrice, dévorante, la vierge toute-puissante. Seuls deux amis, Gérard et Agathe, entreront dans le jeu en étant spectateurs ou figurants. Le temps file, les corps grandissent, mais les esprits n’ont pas pris de l’âge : le jeu est toujours là et mène les protagonistes dans une danse macabre jusqu’à la fin de la lente musique. Les humeurs s’éveillent, se transforment, attendent, s’observent mais ne peuvent pas s’épanouir, maitrisées par une main puissante et égoïste. Les personnages nous paraissent sous opiacés et pourtant ils n’ont été que les servants de leurs rêves infernaux, participant à un destin subversif du monde extérieur. Les Enfants terribles raconte l’adolescence, le passage à l’âge adulte, la fin de l’enfance, de l’innocence, le début du chaos.

Un roman à lire

Les Enfants terribles sont des âmes en peine, des âmes qui dans un premier temps nous font rire, dans un deuxième temps nous interloquent, et dans un troisième temps nous font trembler. L’écriture rappelle sans cesse les références mythologiques et les mises en scènes théâtrales, on découvre des procédés stylistiques chers à Cocteau sans les remarquer tant ils semblent être ce qu’il y a de mieux pour transmettre Les Enfants terribles. On ne lit pas seulement un roman, on lit aussi une tragédie et de la poésie. C’est un récit terrible et violent. Le lecteur est attendri et effrayé par la relation exclusive entre un caractère hiératique et un caractère veule, le second découlant du premier. Le motif de la chambre enferme comme dans un huis clos les personnages et l’histoire sur eux-mêmes, mais aussi le lecteur, complice impuissant du drame qui se joue. La chambre, une pièce qui permet au lecteur de s’identifier aux messages passés par Cocteau et d’avoir des repères quand l’auteur emmêle le bon sens, la logique et la raison.

Les Enfants terribles est un livre paru en 1929 qui n’a pas pris une ride. Il questionne, il secoue, il souffle le chaud, le froid, transporte, instruit : à lire au moins une fois dans une vie !

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Paru en octobre 1967 – 128 pages

Article rédigé par
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