LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Marie-Pierre T. (Issy les Moulineaux). Robert Goolrick est un auteur américain, et il signe avec Féroces, La chute des princes (qui remporte d’ailleurs Prix Fitzgerald en 2015), et Ainsi passe la gloire du monde une trilogie autofictionnelle qui rencontre un grand succès. Retour sur les trois œuvres de ce cycle magistral.
Féroces, La Chute des princes, Ainsi passe la gloire du monde
Les coups de cœur de Marie-Pierre T. (Issy les Moulineaux)
Robert Goolrick est un auteur américain, et il signe avec Féroces, La Chute des princes (qui remporte d’ailleurs Prix Fitzgerald en 2015), et Ainsi passe la gloire du monde une trilogie autofictionnelle qui rencontre un grand succès. Retour sur les trois œuvres de ce cycle magistral.
Féroces
Féroces sont les membres qui composent la famille Goolrick, et en particulier le père et la mère, tous deux alcooliques notoires, qui renvoient l’image de personnes irréprochables et brillantes alors que la réalité est beaucoup moins prestigieuse. Dans les années 50, cette famille qui vit à crédit et multiplie les réceptions au sein desquelles l’élégance et les cocktails sont de rigueur, cache de lourds secrets. Au fil des pages, le vernis craquelle et les révélations du narrateur glacent autant que l’apparence de parents ignobles inexorablement attachés au paraître et qui font loi du silence. Or, c’est en livrant son histoire qu’il se libère enfin du poids du secret et explique sa dépression et ses auto-mutilations. Il déverse les raisons de la haine de cette famille pour en atténuer la splendeur de façade et couvrir la honte et la douleur qui l’assaillent depuis toujours.
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Parution en août 2010 – 254 pages
Féroces, Robert Goolrick (Anne Carrière Editions) sur Fnac.com
La Chute des princes
Rooney, le narrateur, retrace la vie flamboyante qui fut la sienne dans les années 80, une vie de fastes et d’amitiés aussi éphémères que sa carrière en tant que courtier ou que son mariage. Il retrace l’histoire des traders, ces jeunes vampires avides d’argent et de sexe qui évoluent dans un milieu où règnent la transgression, l’alcool et la lubricité. Comme eux, il était shooté du matin au soir à l’alcool et à la cocaïne, dépensait sans compter l’argent si rapidement gagné grâce à un boulot décroché au poker. Il s’agit là d’une peinture objective d’un milieu étincelant où l’argent règne en maître et permet d’éloigner pour un temps le spectre de la mort, du sida et de la superficialité des relations. Car la chute et le retour à l’anonymat sont aussi vertigineux que l’ascension qui fût la sienne. Finalement, il ne reste de cette gloire que des souvenirs brûlants mais douloureux.
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Parution le 28 août 2014 – 231 pages
La Chute des princes, Robert Goolrick (Anne Carrière Editions) sur Fnac.com
Ainsi passe la gloire du monde
Dans ce troisième et dernier opus, il est temps pour Rooney désormais âgé de 70 ans et malade de dresser le bilan de sa vie de débauche, de sexe et d’argent pour faire le triste constat qu’il ne lui reste absolument rien de sa gloire passée. Vivant seul avec pour unique compagnon son chien, il se lève chaque matin perclus de douleurs dans une Amérique dirigée par un clown orange tyrannique qui a vécu les mêmes excès que lui puisque l’argent comme le sexe et l’alcool structuraient sa vie. Rooney convoque ses souvenirs et se remémore ses heures de prestige pour combler une solitude et un manque d’amour incommensurables. Nostalgique d’une Amérique et d’une jeunesse lointaines, le narrateur clôt le chapitre d’une vie détruite par un viol et ruinée par les abus en tout genre qui se termine dans l’abandon le plus total.
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Parution le 23 août 2019 – 192 pages