L’ami est l’une des sensations fortes de cette rentrée. Tiffany Tavernier nous offre un roman tout en nuances, avec pour point de départ le choc d’un homme qui découvre que ses voisins et amis n’étaient pas monsieur et madame tout-le-monde, mais l’incarnation du mal. Le livre est publié chez Sabine Wespieser.
Nos chers voisins
Thierry et Elisabeth vivent isolés depuis 5 ans. Isolés, à l’exception de leurs voisins avec qui ils entretiennent plus qu’une relation de voisinage, une relation d’amitié. On se rend des services, on s’invite à l’occasion, on s’épaule en cas de coup dur… Jusqu’au jour où le GIGN vient appréhender les voisins, accusés de forfaits atroces sur plusieurs jeunes filles. Pour Thierry, la vie continue tant bien que mal à l’usine où il faut faire face aux questions parfois indélicates voire carrément accusatrices des collègues, et puis rentrer à la maison pour retrouver le mutisme de sa compagne.
Du récit à l’autoanalyse
L’ami est séquencé en deux parties distinctes. La sidération du narrateur, tout d’abord, lorsqu’il a connaissance des faits. Une seconde partie ensuite qui nous emmène dans les méandres de son cheminement intérieur. Comment n’a-t-il pas vu ? Comment a-t-il pu ignorer ce qui se jouait sous son nez ou presque ? Et surtout, pourquoi n’a-t-il pas vu ? C’est peut-être dans son passé, bien caché derrière des mécanismes de défense, que se nichera la réponse.
L’introspection conduit peu à peu le personnage à comprendre la profondeur abyssale de sa propre solitude. Et à la fin de ce parcours initiatique aux allures de chemin de croix, la résurrection, peut-être, et la reconstruction intérieure.
Tiffany Tavernier, auteure des âmes torturées
Les esprits tourmentés sont ceux que Tiffany Tavernier se plaît à décrypter et à dépeindre. Elle l’a déjà montré dans Roissy où la narratrice errait entre deux portes d’embarquement, sans jamais monter dans aucun avion. Cette fois, le récit et l’introspection sont ceux d’un homme introverti, un solitaire pour qui « dire » n’a rien de naturel. Mais toujours, Tiffany Tavernier montre à quel point l’esprit humain est résilient, capable de se relever et de se remettre en marche, même après une épreuve qu’on aurait cru insurmontable.
Un des livres forts de ce début d’année.
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Paru le 7 janvier 2021 – 264 pages
