LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Alain L. (Levallois Perret). Trouble est le 6e roman de l’écrivain belge flamand Jeroen Olyslaegers, et le premier traduit en français. Récompensé par le Gouden Uil, prestigieux prix littéraire, Trouble nous propulse à Anvers, en 1940, et nous fait réfléchir sur la frontière entre le bien et le mal.
Trouble
Le coup de cœur d’Alain L. (Levallois Perret)
Trouble est le 6e roman de l’écrivain belge flamand Jeroen Olyslaegers, et le premier traduit en français. Récompensé par le Gouden Uil, prestigieux prix littéraire, Trouble nous propulse à Anvers, en 1940, et nous fait réfléchir sur la frontière entre le bien et le mal.
Quand Wilfried Wils s’adresse à son arrière petit fils
Très marqué par le suicide de sa petite-fille Hilde, Wilfried Wils est au terme de son existence, malade, seul, assisté de son infirmière Nicole, et rejeté par sa famille. Il se confie par écrit à son arrière-petit-fils, qu’il ne connaît pas, sur ce que fut sa vie. Il retrace plus de soixante ans de son existence, et plus particulièrement la période de la Seconde Guerre mondiale à Anvers, qu’il partage avec Angelo, un poète intrus dans sa tête. Débutant comme auxiliaire dans la police en 1940, à vingt-deux ans, Vils découvre et participe aux arrestations et violences contre la communauté juive. Il demeure en permanence en équilibre entre collaboration et résistance, sans choisir son camp. Jamais il ne prend de décision ferme, oscillant entre Lode le résistant, policier et futur beau-frère, et Barbiche Teigneuse, son professeur de français, pro nazi de la première heure. Il participe même à des traquenards dans lequels sont poussés certains trafiquants à qui les policiers retirent les profits.
Flou et ambigüités au programme
Dans le livre, tout est trouble : les relations familiales, sociales, professionnelles, ou tout simplement la période. La lâcheté est quotidienne et omniprésente. Les personnes veulent vivre et oublier ce qu’elles ont vu ou ce qu’elles savent. Danser, chanter, côtoyer des nazis et s’enivrer deviennent des exutoires. Un jour, longtemps après les évènements, ceux-ci ressurgissent en occasionnant des conséquences dramatiques. Le passé ne s’efface jamais, et la culpabilité parvient toujours à émerger. Le personnage principal, Wilfried, est en permanence ambigu. C’est un individu parmi d’autres, dépourvu de certaines limites. Jeroen Olyslaegers réussit un livre passionnant sur Anvers, bien construit et bénéficiant d’une traduction de qualité.
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Parution le 9 janvier 2019 – 448 pages