LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Alain L. (Levallois Perret). Édité en 1936, disponible depuis octobre 2020 aux éditions Mercure de France, La ville aux acacias de Sebastian Mihail confirme le talent de cet auteur encore insuffisamment connu.
La ville aux acacias
Le coup de cœur de Alain L. (Levallois Perret)
L’adolescence dans les années 20
Dans les années 1920, les acacias en fleurs embaument de leur odeur suave la ville bourgeoise et alanguie de D. en Roumanie, traversée par la Vive, rivière paresseuse. Adriana, jeune adolescente, fille unique choyée, tombe amoureuse de son cousin Paul, son aîné de huit ans, lors d’un séjour professionnel. À son départ, elle retrouve sa vie policée, sans aspérités. Ses amis, Cécilia, Victor et Gélou découvrent « Chansons à la blonde Agnès », un cahier de musique reçu de son père pour ses seize ans. Cello Violin, l’auteur de ces chansons pour piano, est séduit par l’interprétation d’Adriana.
Un écrit sensible
Partie aider sa tante à Bucarest pour aménager le logement de son cousin qui vient de se marier, elle retrouve par hasard Cello, qui lui fait découvrir la vie échevelée de la capitale, et tombe sous le charme du musicien. Elle rejoint sa ville, au retour de son cousin et de son épouse, et il lui est difficile de renouer avec les amitiés passées. Le vague à l’âme l’envahit et le départ de Gélou à Bucarest pour suivre ses études, la laisse sans ressort. Les circonstances font naître une solide amitié entre Gélou et le fantasque Cello. Indécisions, atermoiements et désespoirs jalonnent le retour d’Adriana à Bucarest. De nombreux secrets sont encore à percer y compris auprès de personnages secondaires subtilement décrits. Sebastian Mihail, auteur au destin tragique, déroule un roman pénétrant, fait de fausses douceurs, de non-dits où le bonheur est difficile à saisir. Le texte, fluide et d’une grande beauté visuelle, doit beaucoup à la traductrice Florica Courriol. Un livre délicat et sobre dont le lecteur se délecte.
Paru le 8 octobre 2020 – 224 pages