LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Françoise C. (Courbevoie). Retour aux sources, le Paris de son enfance, lui, l’écrivain de tous les continents, de toutes les tragédies actuelles et passées, de tous les mythes. Paris, ma ville, que m’ont donné à aimer, à vivre mes parents, cette ville où l’amour m’attend, cette ville tellement belle.
Paris, mille vies
Le coup de cœur de Françoise C. (Courbevoie)
Retour aux sources, le Paris de son enfance, lui, l’écrivain de tous les continents, de toutes les tragédies actuelles et passées, de tous les mythes. Paris, ma ville, que m’ont donné à aimer, à vivre mes parents, cette ville où l’amour m’attend, cette ville tellement belle.
Une errance à travers Paris
À la sortie de la Gare Montparnasse, un soir ensoleillé de juillet, notre narrateur est interpellé par un individu qui lui dit : « Qui es-tu toi ? ». Surpris, il passe d’abord son chemin et puis se dit : « Suis-je en présence d’Onysos le furieux ? Est-ce le dieu des carrefours né de tous mes voyages. »
« Aux morts, …Allez ! », interpellé, il suit l’ombre. Premier arrêt là où est tombé son père, celui sur lequel il va s’appuyer pour que ce voyage inédit commence.
« L’essentiel est de laisser Paris m’envahir… Par les ombres qui réclament d’être pensées et dites ». Chaque plaque commémorative, chaque nouvelle rue marque l’empreinte de cette jeunesse libre, fougueuse, insouciante et déterminée qui a donné sa vie pour libérer Paris ou encore cette jeunesse étudiante frondeuse de la Montagne Sainte Geneviève, il y a cinq cents ans, qui faisait la nique à madame de Bruyère. Cette nuit les époques s’entremêlent.
Dans ce Paris silencieux, il continue sa marche , convoque les poètes, des génies turbulents que Paris a emprisonnés, rejetés ; Rimbaud le fugueur de 16 ans et ses mots peints sur un mur parisien « Le bateau ivre » ; François Villon, le poète maudit « Frères humains qui après nous vivez » et puis le Grand Hugo qui rassemble des foules militantes, puis éplorées, qui l’accompagnent jusqu’au panthéon « Hugo leur appartient ».
L’errance se poursuit avec son lot d’angoisses et le conduit à la fontaine des innocents, la plus grande fosse commune où l’on déposait les nombreux pestiférés sous Philippe Auguste. Il y retrouve l’ombre gesticulante. Trop de morts, trop d’angoisses, il faut vivre. Mais avant il convient de rendre un dernier hommage à Artaud, ce grand poète, figure emblématique d’une vérité sans garde-fou. Il faut vivre, pour honorer toutes ses vies éteintes qui nous font et qui font Paris. Grâce à cet hermès des gares qui l’a choisi, il peut répondre maintenant à sa question initiale « Qui es-tu toi ? »
« Je retourne aux mots, j’ai peuplé ma vie avec eux »
« Mille vies oui. Mille vies, et la mienne pour essayer de toutes les raconter »
On y compte bien. Merci pour ce merveilleux voyage, délicat, intime, poétique, Monsieur Gaudé, qui intensifie l’envie de vivre pleinement et comme vous concluez : « C’est à cause que tout doit finir que tout est si beau ».
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Parution le 7 octobre 2020 – 96 pages