LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau). Le style de Djian, c’est une écriture vaporeuse, limpide, sans fioriture, mais aussi tellement suggestive que l’on est forcé d’aller chercher des informations en amont pour voir si rien ne nous a échappé, pour comprendre plus tard qu’il suffisait d’attendre un peu… « C’est une zone de turbulence. Nous traversons une période un peu agitée. Mais ce n’est pas la première fois et nous nous en sommes toujours sortis. »
2030
Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau)
Le style de Djian, c’est une écriture vaporeuse, limpide, sans fioriture, mais aussi tellement suggestive que l’on est forcé d’aller chercher des informations en amont pour voir si rien ne nous a échappé, pour comprendre plus tard qu’il suffisait d’attendre un peu… « C’est une zone de turbulence. Nous traversons une période un peu agitée. Mais ce n’est pas la première fois et nous nous en sommes toujours sortis. »
Famille en lutte
Le ton est donné, tout va s’enchaîner avec fluidité. Nous sommes dans une famille cabossée : Greg travaille dans le laboratoire de son beau-frère, qui vit avec sa sœur et ses deux filles. Tout le monde est lié par l’écologie, le laboratoire, les pesticides, l’engagement moral et actif, la sauvegarde de la planète.
À des degrés différents et pour des motifs variés, la famille va se confronter à la lutte pour la survie du monde : militantisme, adhésion superficielle ou profonde, rejet ou profit.
Changement climatique
Comme toujours chez Djian, la météo et le climat ont une importance majeure ; ici c’est le cœur du sujet. On oscille entre sécheresse et inondation, les températures ne cessent de monter, les gens sont de mauvaise humeur, les rassemblements contre le système gonflent.
On est en 2030, on côtoie Greta Thunberg, (jamais citée mais tellement présente), elle a grandi, n’a plus ses tresses mais toujours autant de fougue. Quelques engins, encore inconnus de nos jours, montrent les quelques petites choses qui ont changé, sinon la vie est identique à celle d’aujourd’hui : on navigue à vue pour les sentiments comme pour le climat.
Greg
Greg est au centre de tout : ami torturé par ses choix et ses loyautés, oncle ravagé par ses devoirs, frère consolateur, et aussi amoureux désespéré ; bref, il est plein de bonne volonté, mais c’est un être humain, avec ses faiblesses, protégeant ses chagrins et ses ambivalences.
C’est un homme encore sous le choc d’un passé tragique, qui garde ses secrets et avance malgré tout, quoiqu’il puisse lui en coûter, mélancolique, désespéré et prêt à aller jusqu’au bout.
Le dérèglement climatique aggrave la folie humaine sans doute, mais chez Djian nous retenons surtout les relations difficiles entre les hommes et les femmes ; et cela donne ici des passages d’une réalité saisissante.
—
Parution le 16 septembre 2020 – 224 pages