Après douze années d’absence, Alexandre Astier fait revivre sa série Kaamelott sur grand écran, avec un premier volet événement en salles le 21 juillet, accompagné d’une bande originale épique. Astier signe une nouvelle variation autour de la figure arthurienne souvent représentée au cinéma ou à la télévision, entre courage, sacrifice et vaillance. Mais aussi humour.
Une légende taillée pour le cinéma
La légende du Roi Arthur découle de L’Histoire des rois de Bretagne écrite au XIIe siècle par Geoffroy de Monmouth, un véritable best-seller à son époque. De là est née l’imagerie de l’enchanteur Merlin, de l’épée Excalibur, de la formation du jeune Arthur à devenir guerrier, puis roi de Camelot, aidé des chevaliers de la Table ronde. Une légende qui a inspiré notamment J.R.R. Tolkien, George R.R. Martin ou encore George Lucas. Remplacez Merlin par Obi-Wan Kenobi/Yoda ou Gandalf, Arthur par Luke Skywalker ou Aragorn, et le tour est joué. Une légende qui dispose d’une telle popularité encore de nos jours qu’elle est devenue un véritable genre en soi, tant au cinéma qu’à la télévision. On y suit Arthur en apprenti, roi ou guerrier, dans des films d’animation, d’auteur, d’aventure et même des comédies.
L’apprentissage du futur roi Arthur
Plusieurs films et séries s’attachent à montrer Arthur encore inconscient de l’incroyable destin qui l’attend. Tantôt fragile, tantôt impétueux, c’est l’aide de Merlin ou d’une tierce personne qui va lui permettre de grandir et de s’affranchir. On pense bien évidemment au film animé de Disney Merlin l’Enchanteur de Wolfgang Reitherman, avec un jeune Arthur encore qualifié de Moustique, jusqu’à sa rencontre avec son mentor Merlin à la longue barbe blanche. Un Merlin qui change radicalement d’âge et de condition physique en fonction des films, mais gardant à chaque fois ce rôle déterminant dans la vie du futur roi.
Le sorcier porte l’épée quand il est interprété par Sam Neill dans la mini-série Merlin de Steve Barron ; est l’assistant du prince Arthur dans la série britannique Merlin en cinq saisons ; un magicien imbu de lui-même et alcoolique dans la série Cursed actuellement sur Netflix ; ou un ermite rejeté qui fait équipe avec Arthur dans Arthur et Merlin, la légende renaît de Marco Van Belle.
Un guerrier de cinéma
Une fois qu’Arthur est parvenu à déloger l’épée Excalibur de son rocher, il règne sur Camelot, tombe amoureux de Guenièvre, part à la recherche du Graal et affronte ses ennemis dans des combats sans merci. Il s’oppose d’ailleurs parfois à son ami Lancelot, comme dans Les Chevaliers de la Table ronde de Richard Thorpe ou Lancelot, le premier chevalier de Jerry Zucker qui voit Sean Connery et Richard Gere s’opposer, avant de s’unir à nouveau contre un ennemi commun.
Le roi Arthur devient un guerrier émérite dans le survitaminé Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur de Guy Ritchie; ou un stratège qui envoie les autres combattre pour lui, comme dans Prince Vaillant de Henry Hathaway en 1954, ou sa version plus récente également intitulée Prince Vaillant, cette fois réalisé par Anthony Hickox.
Le cinéma s’intéresse également à la version historique de la guilde arthurienne, avec un roi Arthur guerrier romain affrontant les Saxons en Grande-Bretagne. Une épopée représentée dans Le Roi Arthur d’Antoine Fuqua ou encore dans La Dernière Légion de Doug Lefler.
Mais le film qui met tous les cinéphiles et les admirateurs de la guilde arthurienne d’accord, reste Excalibur de John Boorman. Un film d’auteur et de fantasy tout en bruit, fureur et luxure, devenu référence absolue pour tous ceux qui lui succèderont.
Désacraliser la figure du roi Arthur
Ce qui n’empêche pas le cinéma et la télévision de représenter Arthur et les Chevaliers de la Table ronde d’une toute autre manière, osant aller là où personne n’aurait encore pensé. Premier réalisateur à s’y aventurer, Joshua Logan en 1967 avec Camelot, où la légende arthurienne devient un drame musical, dans lequel chantent Richard Harris et Vanessa Redgrave. Les studios Disney y ajoutent même de la science-fiction avec Un cosmonaute chez le roi Arthur en 1979, dans lequel un astronaute et un robot se retrouvent prisonniers du château de Camelot et doivent combattre le terrible Merlin.
Dernièrement, Arthur n’est autre qu’un petit garçon de 12 ans, bien de notre époque, mais devant sauver le monde après avoir découvert la mythique Excalibur. Cela se passe dans Alex, le destin d’un roi de Joe Cornish, avec la participation de Rebecca Ferguson en fée Morgane et de Patrick Stewart en Merlin.
Mais c’est sous le prisme de l’humour que la légende arthurienne va être également déclinée avec succès. Tout d’abord dans le film culte et absurde Monty Python : Sacré Graal des inséparables Terry Gilliam et Terry Jones qui ne vous fera plus voir les lapins blancs de la même manière. Puis, dans la série Kaamelott de et avec Alexandre Astier, qui fit la joie de bien des téléspectateurs de M6. Une série humoristique de plus en plus sophistiquée, prenant des contours dramatiques au fur et à mesure des saisons, avec des enjeux dignes du grand écran. Il était devenu évident pour Astier d’en faire une trilogie de cinéma. C’est presque chose faite : le Premier Volet est enfin sorti sur nos écrans, avec un casting impressionnant (notamment Alain Chabat et Sting). De son succès, dépendra la mise en route de ses deux suites… Longue vie au roi !