Dépeignant un univers postapocalyptique particulièrement anxiogène, Le Convoyeur brille à la fois par ses principes narratifs que par son ambiance, extrêmement soignée. Dimitri Armand et Tristan Roulot, concourant au Prix BD Fnac-France Inter 2021 avec ce premier tome, y déploie un talent spectaculaire.
De rouille et d’os : Le Convoyeur, une vie après l’épidémie
Dans Le Convoyeur, ce n’est pas un vilain coronavirus qui a frappé, mais un mal encore plus fort : la rouille. Soudainement, tous les métaux se sont mis à se désagréger, entraînant la chute des bâtiments, la fin des ordinateurs, et une énorme panique… Quand commence le premier tome, Nymphe, la civilisation est dévastée. Et le destin biologique de l’Humanité s’est également assombri, la rouille modifiant le code génétique des hommes, créant ainsi de nouveaux mutants.
Dans ce marasme, un héros iconoclaste doit apporter un précieux colis à un certain Monsieur Cendre. Mais l’affaire tourne mal, et deux bandits dérobent le sac en aveuglant son porteur. Le commanditaire oblige donc le mystérieux convoyeur à accomplir une autre mission : l’assassinat du fils d’un rival… Chemin faisant vers ce funeste dessein, il va croiser la route d’une « nymphe », aussi dangereuse que séduisante…
La BD postapocalyptique revisitée par Dimitri Armand et Tristan Roulot
On plonge dans ce premier tome du Convoyeur comme dans un mystère. Dimitri Armand et Tristan Roulot brouillent les pistes dès le départ, notamment en présentant un héros étrange, qui accepte toutes les missions de transport à condition de gober un œuf (sic). Petit à petit, l’auteur et le dessinateur lèvent le voile sur ce monde d’après dévasté par une bactérie rongeant le métal et créant des pouvoirs chez certains individus…
Après avoir brillé dans le western, avec le one-shot Sykes, ou la BD d’aventure avec le reboot de Bob Morane, l’illustrateur Dimitri Armand adapte sa grammaire graphique au post-apo de manière très fluide, le personnage du convoyeur ressemblant à s’y méprendre à une figure du cowboy solitaire.
L’illustrateur se sera servi d’un excellent scénario de Tristan Roulot. Habitué des polars et des BD historiques, il a trouvé dans ce récit d’anticipation une matière propice à développer un univers au long cours. Avec son thème d’actualité, Le Convoyeur a tout d’un futur classique !
Paru le 26 juin 2020 – 56 pages