Dans le contexte de la longue fermeture des cinémas, l’attente était palpable. Tenet, le tout dernier blockbuster de Christopher Nolan, endossait la lourde tâche de sauver un été cinématographique vide. Alors, que vaut le dernier né du réalisateur britannique ? C’est ce que nous allons voir dans cette chronique certifiée 100% sans spoiler, alors que le DVD, le Blu-ray et un Steelbook édition spéciale Fnac sortent le 24 décembre. C’est Noël avant l’heure !
Rendez-vous en terre inconnue
Un trailer que nous avions tous vu en préambule du dernier Star Wars, et qui ne nous donnait que très peu d’indices, à part une vague menace de troisième guerre mondiale, une voiture qui roule à l’envers, et un simple mot : Tenet. Palindrome très connu, les plus malins y auront vu une référence directe au fameux “Carré Sator”, un carré composé de 25 lettres donnant 5 mots pouvant être lu dans tous les sens possibles. Détail qui ne pouvait que égayer notre curiosité, et indice qui jouera son rôle dans le film, mais on ne vous en dit pas plus.
Tenet nous plonge au coeur d’une lutte contre un ennemi puissant et masqué, à l’instar d’un James Bond (Nolan ne s’est d’ailleurs jamais caché de son adoration de 007), mais aussi dans une véritable course contre-la-montre, à travers les lois de la physique.
Encore plus loin !
À une époque où la majorité des films à très gros budgets tels que les derniers Marvel ou les 3 derniers Star Wars misent sur une simplicité de scénario (ce qui, en soi, n’est pas toujours une mauvaise chose !), Nolan s’engage dans une voie qui devient celle de l’exception.
Après un Dunkerque plutôt minimaliste en termes de mise en scène et de scénario, nous avons enfin affaire à un retour en force de Nolan : une durée annoncée de 2h30, des scènes d’action inventives, des idées dans la forme et dans le fond.
Cette fois ci, le réalisateur britannique s’attaque à un sujet à première vue un peu cliché, à savoir le voyage dans le temps. Sauf que, une fois n’est pas coutume, l’idée n’est pas d’avancer ou reculer jusqu’à une date lointaine, mais bien d’inverser au gré du film le cours du temps.
Après une scène d’introduction située directement en pleine action, procédé dont Christopher Nolan est spécialiste, l’enjeu est vite exposé. Et il est de taille: le héros du film va tout simplement devoir sauver l’humanité de la destruction.
Pour certains, la migraine pointera le bout de son nez assez vite, car il faut vite arriver à accumuler un grand nombre d’informations, dans un film très rythmé.
Pourtant, Tenet nous offre progressivement les armes, afin de comprendre chaque scène, et permet de véritables fulgurances qui nous ont scotchés sur nos sièges, tant la prouesse visuelle et narrative est totale.
Un casting étonnant
Grande innovation de ce côté-ci, car Nolan nous avait habitués à régulièrement offrir à son public une star d’Hollywood en tête d’affiche. C’est un inconnu du grand public, bien que révélé en 2018 dans le génial BlacKkKlansman de Spike Lee, John David Washington (le fils de Denzel !), qui tient la tête d’affiche et remplit très bien son rôle. Pas si simple lorsque l’on incarne un personnage dont le nom n’est jamais révélé !
Autre choix étonnant, celui de Robert Pattinson, qui est ici bien loin du rôle d’Edward dans la saga Twilight qui l’a révélé au grand public. Pourtant, il déborde de classe et d’assurance, et c’est plutôt utile lorsque l’on veut interpréter le prochain Batman.
Elizabeth Debicki, révélée dans Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann en 2013, offre une prestation émouvante, car toujours juste. Enfin, mention spéciale à Kenneth Branagh, métamorphosé en méchant oligarque russe, un rôle aux antipodes de ce que l’on aurait pu imaginer de lui.
Pour conclure…
Tenet est un thriller haletant, une prouesse technique, visuelle et narrative. Pourtant nombre d’entre nous auront besoin d’un deuxième, voire troisième visionnage, afin d’en comprendre toutes les subtilités. À l’instar d’Inception, la critique ne saura être unanime, et on pourra la comprendre. Tenet est un film exigeant, qui ne prend pas le spectateur par la main, mais lui propose de vivre une aventure grandiose, si tant est que ce dernier accepte de s’y investir pleinement.