LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Laure N. (Aix-les-Bains). En ce matin de juin 1936, Émile, 20 ans quitte soin village drômois, dans l’indifférence de ses parents, Suzanne et Auguste, afin d’effectuer son service militaire. Au dernier moment, sa mère glisse dans son sac un petit carnet : « C’est pour l’armée, un livret de famille, ils comprendront » …
Mémoire de soie
Le coup de cœur de Laure N. (Aix-les-Bains)
En ce matin de juin 1936, Émile, 20 ans quitte soin village drômois, dans l’indifférence de ses parents, Suzanne et Auguste, afin d’effectuer son service militaire. Au dernier moment, sa mère glisse dans son sac un petit carnet : « C’est pour l’armée, un livret de famille, ils comprendront » …
La vie à la Magnanerie
Ils comprendront peut-être mais lui, Émile, ne comprend pas pourquoi son père est appelé Baptistin L. sur ce livret alors que, pour lui, son père est Auguste L. Qui est ce Baptistin dont il n’a jamais entendu parler ?
Pour comprendre cette histoire, il faut la remonter et tirer les fils des vers à soie qui sont élevés à la Magnanerie, la maison familiale. On découvre alors la vie de chaque membre, dominée par la Mère, matriarche dure au cœur sec. Elle a deux fils : Auguste l’aîné, qui travaille à la ville et qui est la honte de la famille à cause de son handicap, un bras qui se termine par un moignon. Le cadet c’est Baptistin, l’héritier du père, qui a repris l’élevage de vers à soie et qui ramène à la maison Suzanne, la jeune femme, une moins que rien d’après la Mère, dont il s’est amouraché. Baptistin est le seul à partir à la guerre en 1914.
Dans ce premier roman poignant et très réussi, Adrien Borne nous fait rentrer dans l’intimité d’une famille taiseuse, murée dans ses secrets. Son écriture précise et rugueuse excelle à exprimer l’âpreté des sentiments de ces cœurs cabossés par la vie et par la guerre. Mais derrière les silences, les sentiments existent malgré tout. Une lecture poignante qui ne laisse pas indemne.
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Parution le 19 août 2020 – 250 pages