LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Nicole G. (Le Mans). Le sanctuaire, c’est l’endroit où la famille de June et Gemma a trouvé refuge après qu’une épidémie transmise par les oiseaux a décimé la population. Un endroit perdu, en pleine nature, à proximité d’une mine désaffectée.
Le Sanctuaire
Le coup de cœur de Nicole G. (Le Mans)
Survivre dans la nature
Gemma y est née et n’a jamais connu le monde d’avant tandis que June a parfois la nostalgie des choses disparues. Leur mère tente de préserver la mémoire de la civilisation en leur racontant des histoires, en organisant une sorte d’apprentissage et en compensant par sa douceur la rudesse des épreuves que leur fait subir leur père, un survivaliste acharné. Les deux adolescentes n’ont pas le droit de dépasser les limites du sanctuaire, seul leur père fait parfois des incursions à l’extérieur d’où il revient avec l’assurance qu’aucune vie n’a repris. Chasseuse hors pair, Gemma excelle à abattre les oiseaux qui se risquent à proximité et qui sont immédiatement brûlés pour éviter toute contagion. Un jour, pourtant, un spectacle va mettre à mal ses certitudes. Un vieil homme, un aigle sur son épaule, et en parfaite santé.
Tensions et sensasions
Laurine Roux fait merveille avec ce récit tout en tension et en sensations. La nature est un personnage à part entière, une nature à l’état brut dont les descriptions sont magnifiques, chargées d’images et de frissons. La dualité entre les vécus des deux sœurs sert impeccablement le propos tout comme celle entre la rudesse du père et la douceur de la mère. On réfléchit à ce qui fait une civilisation, mais également à l’emprise, au libre-arbitre et à l’enfermement. Et, plus important, on ne lit pas, on ressent.
Laurine Roux réussit l’amalgame de la forme et du fond avec ce court roman qui se lit presque en apnée, dont on ressort époustouflé et pétri de questionnements qui font terriblement écho à notre actualité. Avec l’envie de le faire lire à tout le monde. Une très belle réussite.
—
Paru le 13 août 2020 – 147 pages