LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau). Une écriture riche et limpide, imagée, sentant le terroir et nous y plongeant. Avant même de rencontrer les personnages du roman, nous sommes déjà baignés dans cette nature, et nous pensons comme quelqu’un né là-bas, dans la vallée, hostile mais bienfaisante.
Buveurs de vent
Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau)
La famille
Une famille vit là, le grand-père handicapé, le père violent, la mère bigote et les quatre enfants, tout près d’une centrale électrique, y travaillant. Une famille dont les membres se tiennent éloignés les uns de l’autre, sauf les enfants, soudés par une complicité charnelle et sauvage.
Luc, le dernier, le ravi de la fratrie, Marc et Mathieu, à la fois fougueux et timides, tous trois sont supplantés par Maël, seule fille, reine insoumise, insaisissable.
La ville
Et puis il y a Joyce, le tyran, qui possède toute la ville et tout le monde. Il dirige ses biens et ses gens en despote cynique, sans aucun sentiment.
Tout se dérègle lorsque Mabel est chassée de la maison. Dès lors une course poursuite d’évènements plus ou moins litigieux se met en place, sur fond d’amour, de haine, de déraison, de non-dits. Une sorte de glissement irréversible dans ce village pourtant habitué aux ordres de Joyce.
La tempête
Le déroulé de ce délitement est précieux ; rien n’est laissé au hasard, ni la soumission des frères à leur sœur, ni leur amour, ni le remords du père, ni le désamour de la mère, ni le chantage des gouvernants. Il y a de la folie, entre contemplation et action : « la tempête se met à souffler et personne ne sait où ça va s’arrêter. »
Ce roman noir de Franck Bouysse fait à nouveau mouche ; l’écriture y est flamboyante et poétique. Grâce à une atmosphère pesante qui s’installe patiemment, un système social dépravé est sur le point de tomber, c’est la magie des mots.
Le magnétisme de ce livre nous poursuivra longtemps.
—
Paru le 19 août 2020 – 400 pages