LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Alain L. (Levallois-Perret). Après Désorientale, Négar Djavadi change de registre avec Arène, où dès les premières lignes, un jeune est lynché dans le local poubelles de son immeuble dans l’est parisien.
Arène
Le coup de cœur de d’Alain L. (Levallois-Perret)
Actes de délinquance…
Benjamin, un des cadres majeurs de BeCurrent, concurrent de Netflix, se fait voler son téléphone portable, tout au moins le croit-il. Affolé, il se lance à la poursuite du voleur qui est retrouvé mort le lendemain lors du démantèlement d’un camp de migrants. Un coup de pied donné, par une jeune policière sur le cadavre, fait l’objet d’un montage photo fallacieux par une adolescente en rébellion. Dès la mise en ligne de la vidéo les réseaux sociaux s’enflamment.
De nombreux parents, surtout des femmes seules, n’arrivent plus à gérer leurs progénitures désœuvrées qui traficotent et « dealent ». De nouvelles violences sont craintes entre Belleville, la Place du Colonel Fabien et les Buttes-Chaumont.
La jeune policière, intègre, est broyée par les médias et les réseaux dits sociaux, abandonnée par ses supérieurs qui veulent protéger leurs carrières. C’est l’opportunité pour un extrémiste religieux policé et manipulateur, de refaire surface…
… et réseaux sociaux
Dans cette radioscopie, Négar Djavadi décrit les personnages tels qu’ils sont, sans jugement, marqués par les mensonges, des lâchetés, l’égocentrisme. Vivre par procuration, à travers les séries des plateformes ou les réseaux sociaux, déconnecte de la réalité et banalise la violence. Rumeurs et « fake news » conduisent à un final apocalyptique.
Acteurs et spectateurs des évènements sont plongés dans une arène dont nul ne sort indemne. Un livre mené tambour battant, d’une grande inventivité et d’une grande actualité. Les destins se croisent, se heurtent et se fracassent. Le lecteur ne peut qu’apprécier le talent de conteuse de Négar Djavadi.
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Paru le 20 août 2020 – 432 pages