En 2015, Tobie Nathan nous contait l’histoire de Zohar, héros du roman magique Ce pays qui te ressemble, Zohar l’égyptien chanceux, né dans le ghetto juif du Caire et devenu l’ami du roi Farouk. Dans ce nouvel opus, Zohar doit fuir l’Égypte pour la France. C’est par son fils, que nous découvrons sa vie, toujours placée sous la protection des esprits du Nil et de la Société des Belles Personnes.
Une étrange cérémonie
Si le précédent roman relatait de façon chronologique les origines, la naissance et la jeunesse de Zohar, le ton est ici donné, il sera plus sombre, avec des sauts dans le temps et l’on commence par la fin, celle des obsèques de Zohar au cimetière de Pantin.
Son fils François Zohar, diplomate français qui a très peu connu son père, assiste à la cérémonie. Un événement atypique sous nos contrées, animé par une troupe de danseurs et chanteurs orientaux.
Mais François y fait aussi la connaissance de Livia, une très grande amie de Zohar. Elle va retracer pour lui l’itinéraire d’un réfugié et révéler par bribes la vie de ce père, perdu de vue quand François n’était qu’un petit enfant et retrouvé peu de temps avant sa mort.
La fuite d’Égypte
On revient sur les conditions de la fuite de Zohar. Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux nazis se sont réfugiés en Égypte et noyautent l’armée avec la complicité du roi Farouk.
C’est aussi l’arrivée des Frères musulmans que le futur homme fort du pays, Gamal Abdel Nasser, utilise contre le roi. Tout près de là, c’est la naissance de l’État d’Israël. Autant d’éléments très défavorables aux Juifs d’Égypte qui sont persécutés et chassés du pays. Zohar n’échappe au nazi Dieter Boehm que grâce à ses amis les Belles Personnes.
Des blessés de guerre
Arrivé en France, Zohar se lie d’amitié avec d’autres écorchés vifs que la guerre a brisés et qui cherchent une issue à travers la vengeance, ne vivant que pour retrouver leur bourreau et se faire justice. Aaron est un rescapé du ghetto de Vilno, Lucien un ancien résistant torturé par des miliciens, la belle Paulette a sauté d’un train la menant vers un camp de la mort. Nous partageons leurs joies, leurs amours et leurs passages à vide.
Comme dans le précédent épisode, Tobie Nathan puise dans sa mémoire familiale pour conter l’histoire de héros fictifs aux prises avec des événements historiques dramatiques et à la folie des hommes, sans se départir de son style vif et non dénué d’humour. Car avant tout, Tobie Nathan est un conteur né.
Le lecteur ne goûtera pleinement le sel de cette histoire, à la fois vraissemblable et magique, qu’en ayant d’abord lu le volume précédent, Ce pays qui te ressemble.
Est-ce réellement un inconvénient ? Pas vraiment, car se sera l’occasion de découvrir un vrai chef d’œuvre à la fois merveilleux et cocasse, en ayant la chance insigne de pouvoir passer directement à la suite sans avoir à attendre 5 ans !
Un luxe dont d’autres lecteurs auraient bien aimé profiter…
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Parution le 19 août 2020 – 432 pages
La Société des Belles Personnes, Tobie Nathan (Stock) sur Fnac.com
Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan (Le Livre de Poche) sur Fnac.com
*Copyright visuel du post : Photographie de Manuel Selbach sur Pixabay.