Décédé ce mois de juin, l’écrivain espagnol Carlos Ruiz Zafón a marqué l’histoire récente de la littérature mondiale avec sa tétralogie Le Cimetière des livres oubliés, dont le roman-fleuve L’Ombre du vent fut un best-seller éclatant. Retour sur l’œuvre d’un amoureux des lettres à l’écriture référencée.
Carlos Ruiz Zafón, un parcours transatlantique
Originaire de Barcelone, Carlos Ruiz Zafón a fait ses études chez les Jésuites avant de pratiquer divers métiers, dans la publicité ou comme agent littéraire.
En 1993, alors qu’il a 29 ans, il quitte l’Espagne pour Los Angeles, où il souhaite devenir scénariste. Mais c’est finalement le roman jeunesse qui lui permet de se faire une petite notoriété. Écrit en espagnol, le Cycle de la Brume (composé du Prince de la brume, du Palais de minuit et Les Lumières de septembre), narre, avec quelques variations, le passé d’un lieu (un manoir normand, une villa anglaise, un palais indien) découvert par des enfants, et l’implication des secrets dans le présent.
Mêlant Histoire et fantastique, ces trois romans (ainsi que Marina, publiée en 1999) annoncent les livres à venir, la tétralogie du Cimetière des livres oubliés, qui va devenir l’œuvre majeure de Zafón dans les années 2000.
Le Cimetière des livres oubliés, un best-seller pour l’éternité
C’est en 2001 que paraît en Espagne L’Ombre du vent. Dans ce roman, un jeune libraire apprend par son père l’existence d’un « cimetière des livres oubliés », une bibliothèque immense dans laquelle chaque nouvel entrant doit s’occuper d’un livre qui s’y trouve. Le héros choisit par hasard un ouvrage nommé L’Ombre du Vent, signé Julian Carax, et va entreprendre des recherches sur cet auteur.
S’en suit un passionnant récit, multipliant les allers-retours entre les époques, nous plongeant dans la Catalogne des années 1930 puis dans celle de l’après-guerre. De fil en fil, dans un style alerte et non dénué d’humour, Zafón a créé un univers somptueux, proche du roman noir et des livres de Dickens.
Traduit dans des dizaines de langues, Prix Femina en 2004, ce premier roman adulte allait appeler trois autres épisodes : Le Jeu de l’Ange, Le Prisonnier du ciel, puis Le Labyrinthe des Esprits. Mettant en scène des écrivains, des libraires, des personnages occultes, ses tomes ultérieurs continuent de passionner les lecteurs, tant la maîtrise de Zafón et son goût pour les premières décennies du XXème siècle ont quelque chose d’à la fois exotique et efficace.
Photo : © Carlos Ruiz B.K