Avec une bonne dose de romance, une mesure de vengeance, de l’émotion à revendre et une pointe d’humour, on obtient Sweet Revenge, le tout nouveau roman d’Estelle Maskame, une jeune romancière surdouée qui n’en est déjà plus à son coup d’essai.
Talent précoce
Écossaise de 23 ans au talent précoce, Estelle Maskame débute très tôt son périple littéraire en partageant ses premiers textes sur un site social ouvert aux auteurs en herbe. En 2016, à peine majeure, ses efforts et son obstination sont récompensés avec la parution du premier tome d’une trilogie qu’elle peaufinait depuis ses 13 ans.
Le succès fulgurant de ce volet inaugural d’une série mettant en scène sans mièvrerie les turpitudes amoureuses de grands ados américains lance définitivement sa carrière. Chaque nouvel épisode de D.I.M.I.L.Y multiplie de façon exponnentielle son nombre de fans à travers le monde et la propulse un peu plus dans le cercle fermé des auteurs de best-sellers du rayon « young adults ».
Sweet Revenge
Après un spin-off de sa trilogie, la jeune britannique tourne la page D.I.M.I.L.Y et se met à l’écriture de nouveaux romans où l’héroïne est invariablement une ado entre 16 et 18 ans dont le caractère bien trempé masque les stygmates d’une tragédie familiale et une peur viscérale de l’abandon.
Dans cette veine, Sweet Revenge débute par une affligeante histoire de « revenge porn » où la diffusion d’une vidéo très intime enfamme les réseaux sociaux et salit la réputation d’une des stars féminines du lycée de Westerville High dans l’Ohio. Pas du tout disposée à endosser le rôle de la victime, Vanessa décide alors de rendre coup pour coup à son ex-amant avec la complicité inattendue de Kai, un nouvel élève aussi séduisant que mystérieux…
Bonheur et rédemption
Une croqueuse de garçons qui cache de profondes blessures, sa meilleure copine ultra-équilibrée d’une exquise gentillesse, un beau gosse ténébreux aux intentions secrètes, des têtes à claques qui jouent aux harceleurs minables, une high-school à la cool, un quartier résidentiel avec des secrets bien gardés et quelques soirées potaches bien arrosées… Avec ses personnages archétypaux et ses décors qui fleurent bon la middle class américaine, Sweet Revenge coche toutes les cases de la « teenage romance » à la sauce burger qu’engloutissent avec avidité les ados sur une célèbre plateforme de streaming.
Pourtant, grâce à son sens du rythme et sa capacité à écrire des dialogues qui font mouche, Estelle Maskame apporte un supplément d’âme et d’audace à un divertissement qui n’aurait pu être que calibré. Conteuse habile qui ne fait pas du romantisme une obsession exclusive, elle parvient également à souffler derrière la légèreté apparente des pérégrinations vengeresses de Kai et Vanessa, quelques réflexions sur des sujets plus sérieux comme la condition des parents isolés, le deuil, la perte de l’innocence, le harcèlement ou encore la sexualité féminine.
De la même manière, le personnage attachant et turbulent de Vanessa lui permet de dresser le portrait sensible et plein d’allant d’une toute jeune femme secrètement terrorisée à l’idée de tombée amoureuse. Mais dans la vie d’une adolescente qui joue les dures, une rencontre providentielle et imprévue suffit bien souvent à dynamiter les convictions les plus tenaces.
À la fois moraliste qui s’ignore peut-être et optimiste convaincue, Estelle Maskame engage alors son héroïne sur la route balisée et à sens unique qui mène au bonheur rédempteur. Dans Sweet Revenge comme ailleurs, les histoires d’amour qui commencent mal, en général… Finissent bien, l’air de rien.
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Paru le 18 juin 2020 – 336 pages