Décryptage

Ces comédies qui se jouent du racisme

28 octobre 2020
Par Lucie
Ces comédies qui se jouent du racisme

Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi et John Wax est sorti dans un contexte de manifestations internationales contre le racisme. Cette comédie qui a fait mouche est à (re)voir en DVD et Blu-ray dès le 10 novembre. L’occasion de reparler de toutes ces comédies qui ont tordu le cou aux préjugés raciaux.

Les premières comédies qui osent parler des sujets qui fâchent

C’est le film américain Devine qui vient dîner ?, sorti en 1967, qui va ouvrir le bal aux comédies contestataires qui fustigent le racisme. Ici, celui contre les Afro-Américains. La jeune Joey décide de présenter à ses parents son futur époux, le docteur John Prentice. Seul hic, ce dernier est noir et ses parents, peu enclins à tolérer une telle union qui était encore illégale dans plusieurs États. Le film est un succès critique et public et si tous les acteurs obtiennent une nomination aux Oscars (que remportera Katherine Hepburn), seul Sidney Poitier, pourtant héros de l’histoire, en sera écarté. Heureusement, il avait déjà reçu un Oscar en 1964 pour sa prestation dans Le Lys des champs. Un remake inversé de Devine qui vient dîner ? verra le jour en 2005, Black/White, dans lequel Ashton Kutcher incarne le fiancé blanc qui se retrouve invité dans une famille composée de Noirs.

En France, en 1973, Les Aventures de Rabbi Jacob, diatribe contre l’antisémitisme, se permet toutes les remarques raciales pour mieux les dénoncer, comme cette scène où Louis de Funès s’étonne d’un mariage entre un Blanc et une Noire.

devine qui vient dinerle lys des champsblack whiteles aventures de rabbi jacob

La comédie raciale, un genre en soi

Les oppositions Noir/Blanc dans les comédies sont devenues très vite une manne financière pour les studios de cinéma, tout en permettant de lutter contre le racisme. C’est le cas de Miss Daisy et son chauffeur, avec un Morgan Freeman flegmatique qui subit les préjugés de sa patronne aigrie. Ou plus récemment de films inspirés de faits réels, auxquels on a saupoudré des scènes humoristiques, pour mieux faire passer un message.

Dans Les Figures de l’ombre, on dénonce la ségrégation qu’ont connu les femmes afro-américaines scientifiques qui travaillaient à la NASA ; dans BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan de Spike Lee, un inspecteur de police noir, parce qu’il parle comme un Blanc, parvient à faire tomber des membres du Ku Klux Klan. Enfin, dans Green Book, sur les routes du Sud de Peter Farrelly, Viggo Mortensen incarne le chauffeur blanc d’un pianiste de jazz noir et chacun des deux personnages fera évoluer ses préjugés naturels envers l’autre. Un film qui obtiendra trois Oscars dont celui du Meilleur film et du Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali.

 miss daisy et son chauffeurles figures de l'ombreAffiche du film BLACKkKLANSMANGreen Book


Et du côté de la France…

En France, ce sont des comédies plus légères qui vont émailler toute forme de racisme, en appuyant allègrement, avec moins de subtilité, là où ça fait mal. C’est Étienne Chatiliez qui transforme Valérie Lemercier en Noire du jour au lendemain dans Agathe Cléry, alors que son personnage est ouvertement raciste. Dans Case départ, Lionel Steketee, Fabrice Éboué et Thomas N’Gijol n’hésitent pas à faire rire de l’esclavage, avec le retour dans le passé (en 1780) de deux demi-frères pourtant bien de notre temps. Et dans les deux épisodes de la saga Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, Christian Clavier et Chantal Lauby se désespèrent que leurs quatre filles épousent l’une un Juif, l’autre un Asiatique, l’une encore un Arabe et la dernière, un garçon d’origine africaine. Deux comédies qui ont fait près de 30 millions de spectateurs à travers le monde.

agathe clérycase départqu'est ce qu'on a fait au bon dieu

Dernière en date, Tout simplement noir de John Wax et Jean-Pascal Zidi, dans laquelle les deux réalisateurs convoquent la fine fleur du cinéma français (de Mathieu Kassovitz à Fary, en passant par Claudia Tagbo et Joey Starr) dans le but de monter une marche de contestation noire. Ou quand les comédies s’inscrivent dans l’actualité…

Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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