Hollywood vient de perdre son dernier monstre sacré. Kirk Douglas, l’inoubliable Spartacus, nous a quittés à l’âge de 103 ans, emportant avec lui tout un pan d’un cinéma spectaculaire et fondateur, qui a permis les films d’aujourd’hui.
Une star en devenir
Cheveux gominés, fossette au menton, regard hypnotisant, Kirk Douglas avait tout pour mettre Hollywood à ses pieds. Ce qu’il fit avec une facilité déconcertante. Un monde du cinéma qu’il découvre en 1939, alors que la Seconde Guerre mondiale éclate et qu’il entre à l’Académie américaine d’art dramatique, où il rencontre la future Lauren Bacall. Il s’engage dans la marine, combat en 1941 et est réformé en 1943, rattrapé par le virus de la scène et de la caméra. Il se fait remarquer par la Warner avec qui il signe un contrat, avant de voler de ses propres ailes dans les premiers films qui vont le révéler au grand public, La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks et Les Ensorcelés de Vincente Minnelli. Une nomination aux Oscars plus tard, il est celui sur lequel il faudra compter et il va montrer qu’il peut s’illustrer dans tous les genres, tandis que le cinéma est lui-même en train d’expérimenter et de se trouver.
Du Nautilus à Spartacus
Il tourne un film pour les studios Disney qui le rendra star, intrépide Ned Land de 20 000 lieues sous les mers en 1954, ainsi qu’un western devenu culte avec Burt Lancaster, Règlement de comptes à O.K. Corral. Il rencontre Stanley Kubrick qui l’engage sur Les Sentiers de la gloire, tourne dans la superproduction Les Vikings et endosse le rôle qui lui collera à jamais à la peau en 1960, Spartacus. Sur fond de maccarthysme, ce péplum dantesque de Kubrick n’aurait pas pu voir le jour sans Kirk Douglas et son implication pour que le scénariste blacklisté Donald Trumbo puisse écrire sous pseudonyme. Il montre ensuite qu’il peut jouer des rôles plus versés dans l’émotion avec Seuls les indomptés de David Miller, en cowboy dépassé par le monde moderne ou des films sur fond historique ou politique, tels Les Héros de Télémark d’Anthony Mann, Première victoire d’Otto Preminger, L’Ombre d’un géant ou encore Paris brûle-t-il ? de René Clément.
Le dernier des géants
Sa filmographie s’étoffe de noms prestigieux, qu’il tourne sous la direction d’Elia Kazan (L’Arrangement) ou Joseph L. Mankiewicz (Le Reptile), Brian De Palma (Furie), George Miller (L’Homme de la rivière d’argent). Également réalisateur de deux longs-métrages qui furent des échecs commerciaux et auteur de romans, il publie une autobiographie dans laquelle il se livre sans fard, Le Fils du chiffonnier, ainsi qu’un ouvrage sur le tournage de Spartacus, I am Spartacus : Making a film, Breaking the Blacklist, préfacé par George Clooney. S’il a freiné les tournages pour raison de santé (son dernier téléfilm date tout de même de 2008), il laisse en héritage bien plus qu’une filmographie impressionnante : son fils, Michael Douglas, qui a vaillamment relevé le flambeau.