C’est au Salon Fnac Livres que se réunissent la crème des écrivains. Lors de cette quatrième édition, la Halle des Blancs Manteaux accueillaient notamment Bret Easton Ellis, Siri Hustvedt, Valentine Goby… Nous qui nous interrogeons sans cesse sur ce que dit la littérature du monde contemporain, sur pourquoi lire, pourquoi écrire, nous avons demandé aux principaux intéressés : la littérature, c’est quoi ? Florilège de réponses inspirantes dans une interview croisée.
Pourquoi écrire ?
Bret Easton Ellis, invité d’honneur du salon, ouvrait la quatrième édition du Salon Fnac Livres sur un discours aussi brillant qu’ironique. Car l’auteur a bien relevé la différence de traitement des écrivains en France et aux États-Unis. « Un artiste c’est celui qui décrit le monde, qui parle du monde. Comment faire avec une société sans artiste ? » Pourtant, aux États-Unis, l’écrivain n’est plus au cœur de la vie intellectuelle
Alors, on s’interroge : quand commence-t-on à écrire ?
Et pourquoi écrit-on ?
D’où vient l’inspiration ?
Bret Easton Ellis a poursuivi son discours en détaillant ce qu’il dénonce dans son nouveau livre White, à savoir une Cancel Culture, où la masse (principalement sur les réseaux sociaux), le grand nombre, pointe du doigt une minorité sous prétexte de propos politiquement incorrects. Le problème d’une telle stigmatisation d’un propos à contre-courant, c’est qu’elle empêche la diversité de pensée, qu’elle contraint la créativité et qu’elle encourage l’auto-censure. « La littérature doit déranger ! » s’emportait Ellis lors de notre récente interview. La littérature doit interroger la société, la décrypter, la dissèquer et la mettre face à ses travers.
La société est-elle l’unique source d’inspiration de nos auteurs ?
Comment écrire ?
Éric-Emmanuel Schmitt était présent, également, pour cette quatrième édition du forum littéraire, où il a présenté son Journal d’un amour perdu. Dans ce journal retravaillé, l’auteur avoue avoir écrit pour lui-même, avec ce besoin pressant d’écrire sur la disparition de sa mère. Certainement plus qu’un autre, ce livre lui a permis de revisiter et réinterpréter son enfance. « On dénoue des nœuds et on avance. J’ai vu que le livre me dessinait un chemin qui parlait de la reconquête du bonheur. » Et ce chemin dessiné est celui du deuil, « non d’une errance », insiste-t-il. Ce livre est un cadeau qu’il se fait à lui-même autant qu’à ses lecteurs. Chacun se retrouvera dans l’écriture de la sourde perte d’un être cher. Écrire, c’est écrire pour soi et pour les autres. C’est partager et pouvoir dire : « Je l’ai vécu et vous n’êtes pas seul. »
Mais comment ces écrivains travaillent-ils ? Un petit tour d’horizon des pratiques scriptoriales et de la discipline d’écriture :
À quoi ça sert la littérature ?
Venu au salon pour parler de son livre Méchantes blessures, Abd Al Malik nous livre quelques clés pour comprendre le rôle de la littérature. Car, selon ses propres dires, ce roman est pour lui le moyen de donner des clés aux lecteurs et de les faire avancer dans les obstacles qu’ils rencontrent : « Je crois que la littérature est un moyen de sauver le monde »
Le ton est donné : la littérature peut-elle sauver le monde ? Quelle est sa place dans la société actuelle ?
Alors, qu’est-ce qu’on lit à présent ? Petits conseils de lecture d’écrivains très renseignés :
Ce petit tour auprès des auteurs présents au salon et aux plateaux/conférences nous aura permis d’entrevoir la littérature et l’acte d’écrire sous un prisme nouveau. Même si l’écriture peut paraître plus libre aujourd’hui, le grand public semble porter sur elle un regard critique. La littérature est-elle abordable ? N’est-elle pas une affaire d’élite ? La réponse est non, c’est notre intime conviction. Les écrivains interrogés tous se rassemblent sur un point : les livres restent une source d’espoir et un moyen de donner une voix à ceux qui ne peuvent se faire entendre. Ils ont cette capacité de dire, de dénoncer et de soigner. Et même si les auteurs ont un rôle à jouer dans la société, ils ne sont pas les seuls : la responsabilité de l’art et la culture est une responsabilité collective et les lecteurs portent en eux cette part aussi importante que nécessaire d’entretenir et de transmettre ce patrimoine humanitaire. Alors, lisez 🙂
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Aller + loin : Succès de la quatième édition du Salon Fnac Livres 2019