Elle avait mis fin à sa carrière de comédienne en décembre 2017, après près de 50 années sur les planches et les plateaux de cinéma. Anémone, l’inoubliable Thérèse du Père-Noël est une ordure vient de nous quitter. Bien plus qu’un simple prénom, une véritable icône de la comédie française.
La jeune pousse Anémone
1968. À 18 ans seulement, Anne Bourguignon, une jeune fille de bonne famille, tente l’aventure cinématographique sous la caméra de Philippe Garrel. Un film, Anémone, qui s’annonce à la fois comme un baptême et une profession de foi. La jeune fille s’appellera désormais Anémone et fera du cinéma, son métier. Un physique dégingandé, une voix à la fois douce et stridente, qui va la mener de film en film, de comédie en comédie (dont Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert) à faire une rencontre déterminante. Celle de Coluche, qui lui offre en 1977, un rôle d’envergure dans son film Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine. Le cinéma découvre une nouvelle égérie sur qui miser pour faire rire à tous les coups, même à ses dépens. Et c’est à partir des années 1980, tandis qu’elle brille au café-théâtre avec la troupe du Splendid, qu’Anémone va enchaîner les comédies, de Viens chez moi, j’habite chez une copine ou Ma femme s’appelle reviens ! de Patrice Leconte au Mariage du siècle de Philippe Galland, en passant par l’emblématique Père Noël est une ordure en 1982, où elle campe une Thérèse (faussement) coincée qui sera le rôle-phare de sa carrière.
Du rire aux larmes
Mais Anémone a aussi faim de drames, de rôles plus sombres. Elle le montre dès 1985 avec Péril en la demeure de Michel Deville et surtout Le Grand chemin de Jean-Loup Hubert en 1987. Ce rôle d’une femme qui a perdu un enfant mort-né, lui offre le César de la Meilleure Actrice, avec un discours qui ne passa pas inaperçu. Car Anémone possède un franc-parler qui déstabilise et bouscule la profession, qui ne lui en tient pas rigueur pour autant. Pour preuve, l’avalanche de rôles qui se poursuivent des années 1990 à nos jours. Elle tourne pour Guillaume Nicloux (Les Enfants volants), Claude Lelouch (La Belle histoire), Christine Pascal (Le Petit Prince a dit), Tonie Marshall (Enfants de salaud), Jean-Marie Poiré (Ma femme s’appelle Maurice) ou encore Julien Rappeneau (Rosalie Blum). À chaque fois, on vient chercher la comédienne à la voix éraillée, mais aussi la tragédienne, cachant une certaine douleur qui se lit sur son visage. Mais de Lautrec de Roger Planchon à Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi, en premiers ou seconds rôles, c’est l’actrice avec un grand A que les réalisateurs venaient chercher. Un A comme Anémone.
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Visuel d’illustration : © Eurozoom / SND