Une moustache aussi célèbre que celle de Jean Rochefort, une voix douce et grave, un humour franc et direct… Jean-Pierre Marielle était la France du cinéma populaire et racé, celle des Bertrand Blier, Joël Séria, Claude Berri ou Alain Corneau. L’acteur français s’est éteint le 24 avril à l’âge de 87 ans.
Le visage de la France populaire
Il a beau être un vrai Parisien de naissance, Jean-Pierre Marielle incarnait à lui seul tous les visages de la France, celui du bon vivant, prêt à manger un petit salé aux lentilles à 3 heures du matin, ou celui du râleur qui déteste « les cons ». Avec une centaine de films au compteur et près de 40 pièces au théâtre, le comédien est resté en haut de l’affiche depuis ses débuts au Conservatoire national d’art dramatique de Paris à la fin des années 50. Là-bas, il y côtoie une sacrée bande de copains inclassables : Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo, Claude Rich…
Un registre complet
Après avoir joué les seconds rôles sur grand écran, la silhouette longiligne de l’acteur s’impose à partir de 1964 : Faites sauter la banque de Jean Girault puis Week-end à Zuydcoote de Henri Verneuil montrent l’étendue de son registre, aussi à l’aise dans les comédies que les drames. Mais c’est incontestablement dans les années 70 que la légende Marielle, basée sur un humour irrésistible, à la fois franchouillard et cynique, se construit. Quarante ans après, les Calmos, Les Galettes de Pont-Aven ou Comment réussir quand on est con et pleurnichard n’ont rien perdu de leur splendeur.
Les âmes critiques ne pourront jamais lui enlever son charisme nonchalant et cette finesse d’esprit qui se manifestent dans Tous les matins du monde, dans le rôle du compositeur Monsieur de Sainte-Colombe, ou Les Grands Ducs aux côtés des copains Rochefort et Noiret. Grand amateur de jazz et d’art, Jean-Pierre Marielle disait de lui-même qu’il était « plus décalé que calé ». On le croit définitivement sur parole !
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Photo : © Mars Distribution