LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Caroline L. (Cambridge). Venise au 18e siècle, un peu avant son déclin, est à l’apogée de sa gloire, gloire qu’elle porte avec légèreté dans le faste, l’élégance, les jeux carnavalesques. Mais Venise cache aussi ses mystères, ses secrets, ses amours, sa mélancolie, tels les Vénitiens qui se cachent derrière leurs « bautte », leurs masques…
Désir pour désir
Le coup de cœur de Caroline L. (Cambridge)
Venise au 18e siècle, un peu avant son déclin, est à l’apogée de sa gloire, gloire qu’elle porte avec légèreté dans le faste, l’élégance, les jeux carnavalesques. Mais Venise cache aussi ses mystères, ses secrets, ses amours, sa mélancolie, tels les Vénitiens qui se cachent derrière leurs « bautte », leurs masques. Le clapotement de l’eau accompagne le coucher du soleil et l’humour quelque peu grivois des festivaliers, dont le Maître (graveur) qui compte bien en profiter.
La rencontre
Dans l’atelier avec ses odeurs de cuivre, de laque, de papier mouillé, de colle de poisson…, son assistant, Antonio, reçoit la commande d’une gravure de la façade de l’Ospedale della Pietà, et ses visiteurs sont Amerigo et la gracieuse Camilla, qui ont grandi ensemble à l’Ospedale. Antonio est bouleversé par la beauté raffinée de Camilla. Amerigo le comprend. L’histoire débute.
Dans la loge de Camilla
L’Ospedale della Pietà est un orphelinat où l’on forme les petites filles pour être des musiciennes et chanteuses accomplies. Devant le public, elles jouent et chantent derrière une grille pour ne pas compromettre leur innocence. La pureté de leurs voix enchante. Antonio réussit, à l’aide d’un guide mystérieux, qui semblait l’attendre, à s’immiscer dans la loge où chante sa favorite ; il est captivé par sa beauté, sa finesse, l’élégance de ses gestes. Et pourtant, le motet de Vivaldi si joliment joué présage la tristesse d’autres destins.
La délicatesse de l’écriture poétique de Mathias Énard évoque à merveille le raffinement des ambiances et des sentiments dans ce bref conte (qui accompagnait admirablement la récente exposition du Grand Palais Éblouissante Venise). Une petite perle, une bouffée d’air pour libérer l’esprit. Très classe.
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Parution le 26 septembre 2019 – X pages