Couturier, directeur artistique pour Chanel, photographe et réalisateur, Karl Lagerfeld a toujours mêlé l’art et la mode, imposant un style, une voix, une silhouette, une empreinte indélébile. Il vient de nous quitter à l’âge de 85 ans.
Naissance d’un poète
Né en Allemagne, Karl Lagerfeld s’installe à Paris dès 1952 où il devient illustrateur de mode. Une vocation pour celui qui rêvait devant les défilés Dior quelques années auparavant. Remarqué par Pierre Balmain lors d’un concours de secrétariat international de la laine, il devient l’assistant du couturier jusqu’en 1962. Les prémices d’une carrière internationale qu’il embrasse en devenant très rapidement styliste indépendant, notamment pour la marque Chloé jusqu’en 1983 et la maison Fendi, à Rome. C’est alors qu’il devient directeur artistique pour les collections Haute couture, prêt à porter et accessoires de la maison Chanel, au bord de la faillite et qu’il redressera. Mais le créateur a d’autres atouts qu’il compte bien mettre en avant. Il a l’âme d’un artiste et se conduit comme tel, se composant un personnage identifiable entre tous, à base de catogan, costumes noirs et cintrés, lunettes de soleil et sens de la formule et de la réplique cinglante.
Un artiste avant tout
C’est justement à travers l’image qu’il va s’épanouir. Qu’il joue les caméos dans différents films (L’Amour d’Andy Warhol en 1973, La Doublure de Francis Veber ou Totally Spies, le film en 2009) ou qu’il crée les costumes de scène (pour Madonna ou Kylie Minogue) ou de films (Talons aiguilles de Pedro Almodovar ou Le Festin de Babette de Gabriel Axel). Mais c’est surtout la photographie qui l’intéresse. Dès 1989, il publie de nombreux livres de photo où l’architecture, le luxe et le corps humain sont ses obsessions récurrentes (Chanel : les campagnes photographiques de Karl Lagerfeld, Villa Noailles, été 1995, Hyères…).
L’iconique couturier devient icône à son tour, intéressant écrivains (La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq, Le Diable s’habille en Prada de Lauren Weisberger ou Le Crocodile devenu le sac à main de Karl Lagerfeld de Marie-Noëlle Demay), des jouets ou des jeux vidéo (Grand Theft Auto IV). Multi-récompensé, demandé pour illustrer des marques ou des timbres postes, dessinateur du maillot de l’équipe de France de football en 2011 ou réalisateur de publicités, Karl Lagerfeld était un touche-à-tout qui excellait dans bien des domaines. L’un de nos derniers grands couturiers français, mais aussi l’un de nos plus grands artistes…
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Visuel d’illustration : © Stefan Strumbel – Creative Commons (CC)