Fabien Olicard est un mentaliste qui a à cœur de partager son savoir avec les autres. Son deuxième ouvrage, Votre Cerveau est définitivement, extraordinaire livre 50 astuces pour développer ses facultés naturelles et, par exemple, deviner quand quelqu’un ment. Qu’est-ce que le mentalisme ? Pourquoi manipuler c’est bien ? Fabien Olicard nous répond.
Le mentalisme c’est quoi ?
Fabien Olicard : « C’est un mot qui n’a pas de définition. Il y a quelques années quand je disais que j’étais mentaliste, personne ne savait ce que c’était et depuis qu’il y a eu la série à la télé… personne ne sait ce que c’est. (Rires) Ça n’a rien changé du tout. Donc le mentaliste c’est un mot générique qui peut représenter un grand sac dans lequel on met pleins d’astuces et moi j’y mets des astuces de psychologie, de manipulation, d’illusion, de mémoire, de calculs hyper rapides… tout ce qui va faire que je peux améliorer mon mental ou ma vie quotidienne avec mon mental. »
Comment se compose votre livre ?
« Quand j’ai écrit ce livre-là, j’ai pensé au Manuel des Castors Juniors. Il y a un truc que j’adorais quand j’étais petit dans ce bouquin c’est que j’ouvrais à n’importe quelle page et j’étais intéressé. Je me suis dit qu’il fallait reproduire ça. Comme le mentalisme peut passer pour quelque chose de lourd, j’ai fait ce qu’on appelle du plug and play, c’est-à-dire en technologie : « on branche et ça marche ». J’ai fait des astuces les plus claires possible et si on les lit et qu’on les applique, elles marchent. C’est la première phrase de ma préface : « Pour que l’une de ces astuces fonctionne, il faut s’en servir ». »
La manipulation c’est quoi ?
« « Manipulation » est un terme qui fait flipper tout le monde parce qu’il a une grosse connotation négative. « Manipuler c’est mal ! » Alors qu’en réalité non. Sachez qu’on se manipule tous en permanence parce qu’on veut tous obtenir quelque chose. Dans n’importe quelle conversation, il y a toujours un but à atteindre pour l’autre. Manipuler ça peut être positif, dans le sens où ça peut être argumentatif : j’argumente, donc je manipule la conversation en ma faveur. Et ça peut être aussi pour atteindre un but très sain. Imaginons que j’ai un entretien d’embauche demain ou que je cherche à avoir une augmentation, ou que j’ai rencontré quelqu’un et j’aimerais qu’on ait une affinité plus forte, amicale ou autre. Je vais regarder la manière dont la personne se tient : si, pendant que je parle, la personne a tendance à s’avancer vers moi, je sais que je suis en train de l’intéresser et que je peux continuer sur ce sujet. Par contre si la personne me pose une question et que lorsque j’y réponds, elle se recule, cela veut dire qu’elle s’ennuie dans cette conversation, donc j’ai tout intérêt à changer de sujet même si c’est elle qui m’a posé la question initialement. C’est une forme de manipulation positive. »
Comment repérer un menteur ?
« La première astuce, c’est de lutter contre l’idée reçue que quelqu’un qui nous regarde dans les yeux dit la vérité.
En général quand quelqu’un nous regarde dans les yeux c’est qu’il est en train de mentir, parce qu’il n’a pas décroché pour aller voir dans ses souvenirs.
Surtout, il a besoin de voir si vous êtes en train d’avaler son mensonge. Une deuxième astuce pour savoir si la personne ment, c’est l’absence de détails. Quand on vous raconte une histoire, c’est bourré de détails inutiles, des détails qui ne servent à rien. Si, par exemple, je suis arrivé en retard et que je vous explique : « Bah oui, je suis arrivé en retard parce que je prends la ligne 6, mais il y a des travaux du coup je prends l’autre ligne… » Tous ces petits détails qui ne servent pas à l’histoire, c’est un signe de vérité. Vous pouvez aussi chercher l’indice vous-même. Si vous pressentez qu’il y a un petit mensonge quelque part, reposez des questions sur la même histoire mais en sens inverse sans que la personne ne s’en rende compte. Vous allez voir que c’est très dur. Parce que déjà quand on dit la vérité, c’est très dur de remonter dans sa mémoire en sens inverse. Alors pour un menteur qui vient de construire son histoire, c’est quasiment impossible. »
Des méthodes pour améliorer sa mémoire ?
« J’aimerais vous donner des astuces pour avoir plus de mémoire, mais vous n’en avez pas besoin parce que vous avez déjà toute la mémoire nécessaire. La seule chose qui vous manque, ce sont les chemins d’accès pour retourner à l’information. Par exemple, quand vous vous dites : « Comment il s’appelle déjà l’acteur… je ne sais plus mais je sais que je le sais » c’est génial, ça s’appelle la « data-mémoire » : votre cerveau est capable de dire « j’ai l’information en stock, mais je suis désolé, je n’ai plus le chemin d’accès ». Mes astuces de mémoire permettent de recréer tous ces chemins d’accès. On va dire qu’on balise de loupiotes dans la forêt pour pouvoir retourner à notre point d’origine. »
Votre astuce préférée ?
« L’astuce que je préfère utiliser et aussi transmettre c’est la Table de Rappel, qui est une méthode de mémoire, une astuce très simple, et à chaque fois que je l’apprends à quelqu’un, que ce soit dans mes livres, en vidéo, en conférence ou en spectacle, les personnes me disent qu’elles n’y arriveront pas et à la fin elles y arrivent, elles s’auto-bluffent. Je trouve ça génialissime ! »
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