Jusqu’au 24 juillet, c’est la nouvelle édition du Festival in d’Avignon qui propose des spectacles ambitieux autour de différents thèmes d’actualité, de la migration à la question du genre, avec parfois des textes issus de l’Antiquité. Florilège.
L’Antiquité au goût du jour
C’est le spectacle événement dont on parle à l’intérieur des remparts de la cité avignonnaise, mais aussi et surtout bien au-delà : la tragédie Thyeste de Sénèque, dans une mise en scène grandiloquente de (et avec) Thomas Jolly, à qui l’on doit déjà des textes de Shakespeare, Guitry et Offenbach revisités par ses soins. Ou l’histoire ici de l’effondrement de l’humanité sous les yeux d’une jeunesse impuissante, après l’adultère de Thyeste avec la femme de son frère jumeau Atrée. Une envie de remise au goût du jour des textes plus que classiques partagée par le président du Festival d’Avignon, Olivier Py.
Avec Pur présent, Py invite ainsi également à découvrir trois textes d’Eschyle (L’Inaccessible, L’Inaccompli et L’Irrévocable) qui semblent comme autant d’échos à notre société actuelle, avec la question d’une moralité et d’une loi qui paraissent impuissantes. Trois textes autour de trois hommes, figures tutélaires d’une société en déliquescence : un détenu, un banquier et un aumônier.
Enfin, plus près de nous mais devenu un auteur classique à part entière, Jean-Luc Lagarce se redécouvre sous un nouveau prisme avec Pays lointain, mis en scène par Christophe Rauck. L’adaptation de trois textes méconnus de l’auteur de Juste la fin du monde au fil desquels une troupe de jeunes comédiens vient se heurter à toutes ses obsessions, tel le trouble du présent issu d’un passé qui ne passe pas.
Questions d’actualité
Le théâtre est un art qui non seulement divertit, mais rend compte de l’état de notre société, quasiment en temps réel. Les faux dévots ou les précieuses ridicules de Molière font place désormais aux réfugiés de pays en guerre. Comme dans Au-delà de la forêt, le monde d’Inès Barahona qui narre, dans ce conte initiatique, la quête pour survivre de Farid, jeune Afghan de 8 ans. À travers ses yeux d’enfant, le monde actuel et la crise des migrants, les camps, la misère, mais aussi l’espoir d’un avenir meilleur. Sans oublier la condition de la femme en Afghanistan et la place de l’art et du théâtre dans un pays en guerre perpétuelle. Une pièce à partager en famille qui questionnera à coup sûr les plus jeunes et leur ouvrira les yeux sur un monde qui n’est pas si éloigné d’eux.
Autre sujet d’actualité, la question du genre avec Trans (més enllà) de Didier Ruiz. Sur scène, sept hommes et femmes expriment la prison que représente leur propre corps, la liberté ressentie lorsqu’ils s’en extraient, pouvant enfin s’affirmer tels qu’ils sont réellement, et le rejet de l’Autre qu’ils ont pu alors éprouver. Un spectacle espagnol universel qui parle d’intolérance certes, mais aussi d’amour.