C’est le temps des lauriers pour la BD ! Plusieurs albums ont été récompensés à l’occasion de la soirée de clôture du Festival d’Angoulême samedi 27 janvier. Un palmarès éclectique au sommet duquel trône un jeune talent de la bande dessinée et son étonnante saga islandaise.
Le « Jeune talent » Jérémie Moreau transforme l’essai
Le Fauve d’or du meilleur album a été décerné à Jérémie Moreau pour son album La Saga de Grimr (Delcourt). C’est d’abord l’histoire d’un amour (fulgurant) avec… le Festival d’Angoulême. Du haut de ses quelques 30 ans, Jérémie Moreau est en effet un habitué du festival. Il s’y était rendu à plusieurs reprises pour participer au concours de BD scolaire, qu’il avait remporté en 2005, puis s’était vu décerner le prix Jeunes Talents en 2011. Il avait ensuite continué de se faire remarquer en publiant son premier album, Le Singe de Hartlepool, dont Wilfrid Lupano avait signé le scénario. Suivait un diptyque en noir et blanc sur la vie d’un joueur de tennis, Max Winson. On parie que la consécration de La Saga de Grimr ne marque qu’une étape dans l’histoire des affinités réciproques du festival et de ce jeune talent de la bande dessinée.
La Saga de Grimr suit l’histoire d’un garçon orphelin prénommé Grimr dans l’Islande du XVIIIe siècle. Doté d’une grande force physique, Grimr veut prouver sa valeur… mais il doit échapper à sa mauvaise réputation, car il est accusé de meurtre. Une grande épopée servie par des planches aux tons froids, qui allient les techniques de l’aquarelle et de la tablette graphique.
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Marion Montaigne, la tête dans les étoiles
La bande dessinée de Marion Montaigne, Dans la combi de Thomas Pesquet (Dargaud), a quant à elle été récompensée par le Prix du public Cultura. À vrai dire, le public n’avait pas attendu le festival d’Angoulême pour couronner l’album de son succès : en l’écoulant à plus de 160 000 exemplaires, il lui avait déjà donné une belle preuve d’amour.
Et pour cause : cette biographie dessinée de l’une des personnalités préférées des Français a fait rêver les petits (astronautes en herbe) et les grands (astronautes contrariés). On y suit notamment les années de préparation de Thomas Pesquet avant sa propulsion dans l’espace, depuis les épouvantables tests de recrutement de l’agence spatiale européenne aux entraînements ultra-intensifs auxquels sont soumis les heureux élus. Le tout est servi avec humour par la cheffe de la vulgarisation scientifique Marion Montaigne, qui s’était fait connaître avec sa saga Tu mourras moins bête…. De cette lecture, on sort partagé entre envie et admiration devant la persévérance quasi-masochiste des aspirants astronautes.
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Le minimalisme amoureux de Marion Fayolle
Le palmarès de cette 45e édition du Festival d’Angoulême nous donne aussi l’occasion de mettre à l’honneur de petites maisons d’édition, et notamment celle de Julien Magnani qui a publié Les Amours suspendues de Marion Fayolle, Prix spécial du jury.
À l’image du catalogue de la maison, Les Amours suspendues est un album poétique qui nous permet de mettre un pied dans l’univers d’une auteure singulière. Il questionne le sentiment amoureux à travers les relations platoniques qu’un homme marié entretient avec plusieurs femmes… Des « amours suspendues » qu’il conserve dans une chambre secrète. Un album bâti à la manière d’une comédie musicale, emporté et tendre.
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