Il « y a comme un goût amer en nous » ce dimanche 7 janvier 2018. La chanson française vient de perdre une autre de ses icônes, de ses légendes. Même si sa voix s’était tue il y a déjà quelques années, il « y a des silences qui disent beaucoup » aujourd’hui. Ils sont assourdissants et pèsent lourds dans nos cœurs. C’est un pan de la chanson française qui s’en va, après Balavoine, Berger…
Des accords qu’on aimait tant
France Gall, « c’est comme une gaieté, comme un sourire, quelque chose dans la voix, qui paraît nous dire « viens », qui nous fait sentir étrangement bien »(2). On aime sa voix, son enthousiasme, son énergie positive, sa générosité. France, c’est une belle et douce lumière qui s’est insérée subrepticement dans nos cœurs.
Celle qui nous chantait « viens, je t’emmène, où les étoiles retrouvent la lune en secret… où le soleil le soir va se reposer… où les rivières vont boire et vont se cacher… où les nuages tristes vont s’amuser »(3), s’en est allée reposer désormais dans le paradis blanc.
De l’artiste nous n’oublierons ni les chansons, devenues intemporelles et à jamais ancrées dans nos vies, ni le caractère engagé. « Donner pour donner, tout donner, c’est la seule façon d’aimer, donner pour donner, c’est la seule façon de vivre, c’est la seule façon d’aimer »(4) chantait-elle avec Elton John. Des paroles vécues intensément par la chateuse qui n’oubliait jamais son rôle de citoyenne. Ses engagements discrets, mais tellement profonds, au profit de diverses associations comme « Cœur de femmes » ou « Action écoles » resteront gravés dans les mémoires. Le Sénégal, son pays d’adoption, pleure, comme la France, cette artiste au coeur immense.
Plus comme avant…
Alors en ce début d’année, nous voici tiraillé(e)s. Est-ce que l’on « danse pour le début du monde, danse pour tous ceux qui ont peur, danse pour les milliers de cœurs qui ont droit au bonheur »(5) ? Allons-nous résister à cette peine qui nous envahit ? C’est sans doute ce que France aurait voulu mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que notre cœur va rester gris pendant quelques temps, le temps de relever la tête. Nous ne danserons plus sur les accords qu’on aimait tant. En tout cas pas comme avant.
« Qu’il reste quelque chose de moi m’indiffère. Je ne suis pas comme ces personnalités politiques qui éprouvent le besoin de faire bâtir un monument afin de laisser une trace tangible de leur passage : moi, je ne construis que ma vie… » confiait-elle à Richard Cannavo (dans Paroles & Musique, n° 1, novembre 1987). Et quelle vie !
Au revoir France. Au passage, sachez que vous n’avez pas seulement construit votre vie mais aussi une partie de cette si belle chanson française. Merci.
1 – Evidemment
2 – Ella, elle l’a
3 – Viens je t’emmène
4 – Donner pour donner
5 – Résiste