Enrico Marini, auteur accompli et dessinateur de talent, crée l’événement avec la réalisation d’un Batman très attendu dans le milieu du comics. Cette œuvre, fruit d’une collaboration inédite entre les éditions Dargaud et DC comics, est l’occasion pour l’auteur italien d’élargir sa palette et de nous en mettre plein les mirettes ! Nous lui avons posé quelques questions sur ce mystérieux Dark Prince Charming.
Enrico Marini, auteur accompli et dessinateur de talent, crée l’événement avec la réalisation d’un Batman très attendu dans le milieu du comics. Cette œuvre, fruit d’une collaboration inédite entre les éditions Dargaud et DC comics, est l’occasion pour l’auteur italien d’élargir sa palette et de nous en mettre plein les mirettes ! Pour tromper l’attente, nous lui avons posé quelques questions sur ce mystérieux Dark Prince Charming.
Quel a été le point de départ de cette incursion dans l’univers du Chevalier Noir ? Comment s’est passé l’échange avec les éditeurs américains ?
Enrico Marini : Quand DC m’a proposé le projet par l’intermédiaire de Dargaud, j’étais très flatté. Je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion, vu que Batman faisait partie de mes lectures d’enfance, avant même la BD franco-belge. C’est donc absolument un projet nostalgique et fun pour moi.
Il m’était utile de savoir lire et parler l’anglais pour les échanges avec les américains. Je me suis aussi lancé le défi d’écrire le scénario en anglais. Je me suis dit que si Casanova était capable d’écrire 3700 pages de ses mémoires en français, ce devrait être possible pour un autre Italien, moi, d’écrire 120 pages de comics en anglais (rires).
Avez-vous rencontré plus de difficultés que lors de vos précédentes réalisations, notamment en termes de liberté de création ?
Non, pas vraiment. DC a vite compris que je connaissais bien l’univers de Batman, puisque je leur ai dit que je savais que celui avec les cheveux verts, c’était le Joker : j’ai passé le test (rires). Ils m’ont donné carte blanche et m’ont ouvert les portes de leur salon de jouets. J’y ai choisi ceux qui étaient pour moi les plus excitants : Batman, le Joker, Catwoman et Harley Quinn (les deux dernières par pur égoïsme).
L’intrigue se passe à Gotham City, où nous retrouverons le célèbre Joker. Nous restons ainsi dans un cadre « classique » ; pouvez-vous nous dire si vous avez apporté une touche plus européenne aux aventures du Chevalier Noir ?
J’avais envie de raconter une histoire intime entre Batman et son plus grand ennemi, le Joker. Je me suis donné quelques limites pour ne pas me disperser. Cherchant une approche plus réaliste, j’ai choisi qu’il n’y ait pas de superpouvoirs dans mon histoire, ni trop de personnages à gérer. Je suis encore traumatisé par les milliers de barbares et légionnaires que j’ai mis en scène dans le dernier Aigles de Rome (rires). Ici, Batman ne doit pas sauver le monde ou la ville de Gotham, mais une petite gamine enlevée par le Joker. C’est une affaire très personnelle pour Batman. Le Joker, qui est un personnage imprévisible, s’en moque et amène le pauvre Batman au bord de la folie. Ces dernières années, on a assisté à un Joker qui est devenu de plus en plus gore et monstrueux, autour duquel il y a d’ailleurs de formidables récits. Mon Joker est bien sûr aussi un dangereux psychopathe, mais je tenais à le rendre aussi un peu plus clown et drôle par moment… et charmant.
L’album sort quasi simultanément aux États-Unis et en France, avez-vous des échos sur l’accueil que lui réservent les fans outre-Atlantique ? Cela vous met-il la « pression » ?
Dès qu’on s’attaque à une icône comme Batman, on attire forcément plus l’attention. Je sens un intérêt positif. J’espère qu’il restera positif une fois qu’ils auront lu l’histoire. Par contre, je ne ressens pas plus de pression que d’habitude. Je n’ai pas cherché à révolutionner le genre. J’amène une touche personnelle et une technique de mise en couleur directe qui n’est pas beaucoup utilisée aux États-Unis. J’ai fait ce que je voulais et je me suis bien amusé. D’ailleurs, je continue à m’amuser comme un gamin sur le tome 2 qui clôturera l’histoire.
Vous avez l’art d’instiller une certaine sensualité dans vos récits, aurons-nous un Batman aux accents romantiques, comme peut le laisser supposer le titre ?
On peut dire que les hanches de mon Batman sont plus sexy que celles du légendaire Batman de Frank Miller (rires). Mon Joker est un romantique aussi. Tout ce qu’il fait dans cette histoire, il le fait pour sa bien-aimée Harley Quinn. Et mon Joker se brosse les dents (rires). Il veut plaire aux femmes. C’est un séducteur. Ce qui ne le rend pas moins dangereux.
Vous sortez un peu du cadre de la BD « franco-belge », est-ce une prise de risque vis-à-vis de votre lectorat habituel ? Ou une occasion d’aller à la rencontre d’un nouveau public ?
Une BD, c’est tellement long à faire qu’on ne peut pas savoir si dans un an le public sera au rendez-vous. Je ne me préoccupe pas vraiment de ça. L’essentiel, c’est que je sois satisfait de mon travail et que j’y prenne plaisir. Maintenant, c’est évident que ceux qui achètent mes albums mourront moins cons. Je dis ça, je dis rien (rires).
Pour finir, quels sont vos futurs projets (vos fans seront ravis d’avoir quelques pistes) ?
Après Batman, je vais travailler sur le scénario du Scorpion tome 12, que je co-scénarise depuis le début. Ce sera le dernier Scorpion dans la série que je dessinerai. Je reviendrai au Scorpion plus tard sur des hors-séries avec mes propres scénarii. Ensuite, je continuerai la série Les Aigles de Rome que j’adore faire, mais qui demande pas mal de documentation. J’ai aussi un scénario prêt de polar qui me tient à cœur. Il faudra juste trouver le temps…
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Parution le 15 juin 2018 – 72 pages
Batman : The Dark Prince Charming, tome 2, Enrico Marini (Dargaud) sur Fnac.com
Planches d’Enrico Marini © Dargaud / DC – 2017