Initialement publié en 1927, Albin Michel réédite le Berlin secret de Franz Hessel. Plongée au cœur des années 1920 dans la capitale allemande, entre divertissement, cabaret, extravagance et poésie.
Berlin secret
Le coup de cœur de Caroline L. (Cambridge)
Berlin enjôleur
Ce roman, d’abord publié en 1927, se situe dans le Berlin de 1924 dans un quartier très précis et huppé du « vieil Ouest », longeant le Tiergarten.
Le Berlin secret est celui de derrière les portes, celui qu’on ne voit pas de la rue. Wendelin, jeune noble appauvri comme tant d’autres, beau, enjôleur, cherchant un rôle dans la vie, tombe sous le charme de Karola, épouse de Clemens, professeur de philologie qui voit le monde à travers le prisme de la mythologie grecque. Karola, atteinte par l’ennui de ceux qui vivent dans l’indolence et en quête de divertissement, a envie de s’éloigner, de voyager, et pourquoi pas avec Wendelin, qui, de toute façon doit quitter Berlin, rappelé auprès de sa mère ?
Tableau onirique
Franz Hessel esquisse une société d’un autre temps (pour nous ; pour lui contemporain), privilégiée mais sapée par la guerre de 14-18 et ses suites. Les chapitres se succèdent comme une série de tableaux oniriques, alternant entre le solide Clemens et la maison familiale, et la volage Karola dans les cabarets berlinois, ces « lieux de plaisir » où règnent la décadence et l’extravagance des manières des nombreux personnages du roman, avec en contrepoint le langage soigné et poétique de Hessel, porté par une observation aiguisée, et la délicatesse de ses descriptions de lieux, de promenades dans les parcs, de voyages.
Il y a des échos de sa propre vie dans cette histoire (Hessel est le modèle de Jules dans le film de Truffaut), mais voici un roman qu’on peut lire aussi rien que pour le plaisir de la prose, élégante et précise.
—
Paru le 1er février 2017 – 192 pages