Les « Millenials », cette génération Y souvent décriée pour sa dépendance aux technologies et son complexe de Peter Pan, a rarement été croquée avec autant de talent que par Sarah Andersen. La sortie de son premier recueil de cases parlantes, Les adultes n’existent pas, est l’occasion idéale de découvrir cette dessinatrice et auteure de grand talent.
Du web à la page imprimée
Au départ, il y a Sarah’s Scribbles (Les gribouillis de Sarah), un webcomic que Sarah Andersen publie dès 2011 sur plusieurs plateformes numériques (Tumblr, Instagram, Facebook). Très vite, les dessins simples mais évocateurs de la jeune femme touchent un public qui se reconnaît dans ses questionnements philosophiques sur la pizza, le regard des autres et la nécessité de se lever le matin… Avec beaucoup d’autodérision, Sarah Andersen met en scène Sarah, un avatar aux cheveux ébouriffés et au regard ahuri. Prenant en compte les messages de ses lecteurs, elle intègre leur vécu et crée ainsi un portrait juste et caustique d’une génération aussi attachante qu’agaçante.
Scènes de la vie intime
Les adultes n’existent pas reprend ainsi les panels publiés sur le Net et offre une lecture complète du talent de la jeune femme âgée de 24 ans. À noter que le titre en anglais se traduit littéralement par L’âge adulte est un mythe (Adulthood is a myth) qui annonce un regard plus désabusé et désillusionné. Car le trait d’Andersen est certes infiniment drôle mais aussi baigné d’une douce amertume qui se lit en marge des petits « sketchs ». On sent le vécu derrière ces angoisses de la vie en société, l’image de soi et un goût prononcé pour la procrastination.
Nous ne grandirons plus ensemble
Que faire lors d’une fête ? Comment s’adresser à la personne qui nous plaît ? Quand changer de sous-vêtements ? Bref : comment vivre ? Sarah dévoile nos atermoiements quotidiens avec une belle dose d’humour et de sarcasmes. Souvent accompagnée d’un petit lapin, une sorte de bonne conscience, l’héroïne se débat avec son indécision, ses angoisses et son envie de bien faire, pour au final rester au lit et se lamenter. Tout cela pourrait être très déprimant, mais se révèle hilarant et salvateur pour le lecteur en quête de réponses. Plus d’un se reconnaitra dans les dilemmes de cette jeune femme adorablement empêtrée dans le plus grand mal de ce siècle : l’incapacité de communiquer ses émotions. Sarah Andersen transmet cela avec une infinie tendresse et permet à chacun d’en rire une bonne fois pour toutes.
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Parution le 26 avril 2017 – 112 pages
Les adultes n’existent pas, Sarah Andersen (Delcourt), sur Fnac.com
Planches et dessins de Sarah Andersen © Delcourt 2017