L’Américain John Grisham, ancien avocat, est l’auteur de polars judiciaires le plus lu au monde. Et l’un des meilleurs. Un statut à part qu’il confirme avec L’Informateur, son nouvel opus, d’une rare efficacité…
Présumée coupable
L’Informateur, le nouveau roman de John Grisham – le 29e en 29 ans – met en avant deux personnages féminins, complexes, intrigants et antagonistes. La première, Lacy Stoltz, est une avocate qui travaille pour le Bureau de l’inspection judiciaire. Sa mission ? Mener l’enquête quand on lui signale les écarts de conduite d’un représentant de la loi. De fait, Lacy est contactée d’emblée par un avocat douteux : se faisant le relais d’un mystérieux informateur, il prétend qu’une magistrate de l’État de Floride a détourné plus d’argent que tous les juges véreux réunis. Cela via la construction d’un casino sur une réserve indienne. La deuxième héroïne, bien évidemment, c’est elle : l’Honorable Claudia McDover… S’en suit un récit d’une efficacité redoutable, puisqu’à la fois tissé de suspense, de questions morales et de courts chapitres.
Bonne conduite
John Grisham sait travailler la matière, son roman est très documenté, la dynamique de son récit haletante. Surtout, il aime interroger, simplement mais sûrement, les maux qui rongent les États-Unis d’Amérique. À savoir le racisme (via le sort des Amérindiens), la corruption (avec la mafia en arrière-plan), les atermoiements démocratiques (via le statut de lanceur d’alerte) ou encore l’injustice (avec son personnage de juge malhonnête). Une notion qui hante véritablement cet ancien avocat.
Verdict
Et un combat qu’il ne risque pas d’abandonner de sitôt ! D’abord parce qu’il écrit comme il respire ! Jamais à court d’idées,
il abat 10 pages par jour en moyenne. Ensuite parce que c’est un homme de convictions : bien qu’ayant grandi dans la culture baptiste du Sud profond (et raciste), Grisham se range depuis de longues années déjà derrière la bannière démocrate. Et enfin… parce qu’il est l’un des écrivains les plus populaires qui soient. Quelque 300 millions de livres vendus depuis 1988 : apparemment, il n’est pas le seul à attendre des juges qu’ils soient intègres.
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Parution le 5 avril 2017
Traduit de l’anglais (US) par Dominique Defert