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Isabelle Boulay : à la découverte de son nouvel album

10 avril 2017
Par Manue
Isabelle Boulay : à la découverte de son nouvel album
©dr

Cela faisait 6 ans que l’une des chanteuses québécoises préférées des français, Isabelle Boulay, n’avait pas présenté un album de chansons originales. Cela sera chose faite car un nouvel album va voir le jour le 19 mai. Sur son site, il est annoncé comme « un disque charnel, instinctif, voyageur, aux influences aussi bien country que latines ». Qu’en est-il ?

Une distribution d’auteurs-compositeurs grandioseisabelle boulay

Pour son retour, Isabelle Boulay a mis les petits plats dans les grands. Enregistré à Paris dans le studio mythique de la Seine et réalisé par son ami de longue date, Benjamin Biolay et pour deux titres par Raphaël, elle s’est adjoint,  par la même occasion, des auteurs-compositeurs à la plume magnifique. Il y a La Grande Sophie, Raphaël, Benjamin Biolay, Cœur de Pirate, Julien Clerc, Carla Bruni, Didier Golemanas et Alex Nevsky.

isabelle boulayUn premier single signé « La Grande Sophie ».

C’est le titre de La Grande Sophie qui a été choisi comme carte de visite de cet album. On y retrouve l’Isabelle qui a touché hier le public. Avec cette ballade sur la rupture et le souvenir d’un amour révolu, Isabelle renoue avec cette mélancolie à la fois douce et lumineuse.

« La chanson Un souvenir, pour moi, c’est l’évocation, dans une série d’images qui nous ramènent en arrière, d’un amour révolu que l’on tient à oublier. On sent bien, dans le mouvement de la musique et la teneur des mots, les traces de cette histoire que l’on veut obstinément effacer et une volonté farouche d’aller de l’avant, de ne pas laisser la tristesse s’emparer de nous. Que tout ça soit rendu au passé et ne devienne qu’un souvenir » dit-elle.

isabelle boulayEt le reste ?

En vérité est encore un pont entre les deux rivages de l’Atlantique. On retrouve toutes les influences qui ont bercé Isabelle depuis toujours : la chanson française d’abord dans ce qu’elle a de plus classique. L’album commence dans cette veine avec un titre, sans doute l’un des plus beaux à mon goût de l’album Mon amour (la supplique). Ses orchestrations de cordes magnifiques renforcent un très beau texte qu’un Jacques Brel aurait pu écrire, l’histoire d’un couple qui se sépare :

O mon amour reste trois jours  pour être sûr que c’est fichu – que tout sonne creux – qu’on n’y croit plus.

O mon amour reste trois jours  pour noyer ce que l’on n’a pas bu  et pour se dire des choses crues.

On plonge, on se noie dans ces dernières heures, ces derniers souffles d’une histoire d’amour, ces derniers espoirs. La justesse de la voix et de l’interprétation donne à cette supplique toute sa profondeur, ses vibrations et ses frémissements émotionnels.   

Le titre Le garçon triste aurait presque pu être une chanson de Serge Reggiani. Est-ce une manière pour Isabelle de rendre hommage à son père artistique de coeur ? En tout cas, il y a une vraie connexion. Je vous conseille de vous attarder sur ce magnifique texte malgré l’aspect brumeux du ciel musical de ce titre.

Avec Sur la route avec lui (à la consonance très « cabrelienne »), on est propulsé dans la naissance d’une histoire d’amour. La rythmique de cette mélodie nous projette sur une longue route nord-américaine, typique des grands espaces. Les deux protagonistes se prennent à rêver d’une vie à deux. Ce titre est la connexion entre l’Europe et l’Amérique.

On le sait, Isabelle a grandi avec la musique country que sa tante Adrienne écoutait en boucle. Deux titres ont cette consonance. Il y a le titre Nashville, la ville de la musique country. Même si l’histoire se passe sur les bords du Saint-Laurent, dès les premières notes, on plonge dans l’ambiance de ce que l’on s’imagine de Nashville. On a envie d’enfiler des santiags, un jean et une chemise à carreaux. Je sais, ça fait cliché. Le texte insuffle une réelle chaleur humaine. Dans son album Les grands espaces, Isabelle reprenait Tru Blue avec son auteure, la Grande Dolly Parton. Cette fois-ci, c’est Willie Nelson, autre grande figure de la country qu’Isabelle a voulu reprendre avec Won’t Catch Me Cryin’. Magnifique d’ailleurs.

Puisque l’on parle de reprise, Isabelle en fait deux autres sur l’album. C’est presque devenu une tradition. Quand on attend un album d’Isabelle, on se demande quelle chanson, elle va s’approprier, à quel(le) artiste ou texte elle va rendre hommage. Si mon avis est mitigé sur sa reprise de Una Storia d’Amore, je suis emballée par sa version Les mains d’or de Bernard Lavilliers. Pour être honnête, je n’aurais jamais pensé qu’elle choisisse un titre comme cela. J’ai eu comme un petit doute en voyant ce nom dans le tracklisting et puis le talent d’Isabelle a fait le reste. Comment ai-je pu en douter ?

isabelle-boulay-En vérité

Un album sur lequel s’attarder

Isabelle Boulay ne cesse de marcher dans les traces de celles et ceux en Amérique ou en Europe qui l’ont fait vibrer enfant et qui ont construit son âme artistique. C’est encore le cas avec cet album aux couleurs et ambiances variées. Modeste comme elle est, Isabelle en oublie souvent de dire que depuis plus de 20 ans, ses propres pas laissent des traces tout aussi importantes dans la chanson francophone.  Ce bout de femme est décidemment toujours aussi attachante.

En vérité est un disque qui se découvre petit à petit.  Le coup de foudre ne sera peut-être pas immédiat mais cet album mérite que l’on s’y attarde plusieurs fois afin d’en découvrir la valeur.

Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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