Critique

Bun Hay Mean : le Chinois Marrant est de retour !

27 février 2017
Par Dominique
Bun Hay Mean : le Chinois Marrant est de retour !
©dr

Bun Hay Mean (oui ce n’est pas facile à retenir, d’où le surnom de Chinois Marrant) est un cas unique dans l’humour français. Tout d’abord parce qu’il est le seul humoriste franco-cambodgien à ma connaissance, mais aussi et surtout parce que ce type bourré de talent est carrément barré : celui qui frappe régulièrement à l’Apollo fait preuve de l’esprit le plus affuté et le plus impertinent du moment. Découverte.

Un humour sans filtreCHINOIS-MARRANT_3456939402250664900

Il se dit lui-même sans filtre et il n’hésite pas à formuler tout, absolument tout ce qui peut lui passer par la tête… Âmes sensibles s’abstenir ! Il peut être trash mais il est toujours très drôle : nous sommes loin du politiquement correct, de l’esprit (trop) bien-pensant et croyez-moi, ça fait du bien de pouvoir rire de tout en bonne intelligence et bien accompagné, car la salle de l’Apollo ne désemplit pas à chacun de ses passages depuis des mois !

Un numéro d’équilibriste

Bun Hay joue avec le public, avec les mots, avec les pensées qu’il détourne et retourne dans tous les sens. C’est du grand art : à partir d’un texte qui semble très bien écrit, très bien construit, avec un langage fleuri et imagé qui lui est très personnel, il parvient à nous faire passer un moment de partage avec un naturel époustouflant et en improvisation quasi-permanente. Il arrive par un numéro d’équilibriste de haut vol à alterner, mélanger et malaxer des histoires de sa propre vie, des sketchs et de longues improvisations sous forme de dialogues avec un public acquis et sous le charme. Le gros point fort est qu’il parvient à personnaliser chacune de ses prestations.

Aucun sujet tabou

Il n’hésite pas non plus à se moquer de lui-même : son physique, ses relations avec les filles, son père… Il peut tout se permettre sans faire aucune concession. Sujets légers ou graves, tout passe à la moulinette de son humour jaune féroce : les races et le racisme, les SDF (l’ayant été lui-même), les communautés, l’homophobie, l’invasion asiatique, le sexe, le couple, l’amour, Dieudonné, les parisiens, les blancs, qu’il surnomme affectueusement les hiboux à cause de leurs grands yeux… et bien d’autres encore !

C’est souvent féroce, noir, voire cru et trash mais toujours bien pensé : ça met le doigt là où ça fait mal tout en provoquant un rire énorme et libérateur.

Un véritable humaniste

Qu’on ne s’y trompe pas : en arrière-plan de cette férocité et de cette ironie au karcher, sous cette longue tignasse de cheveux noirs se cache une grande pudeur d’ancien timide. On perçoit un mec finalement très attentif et ayant le goût des autres. Sous la méchanceté de façade percent une gentillesse et une générosité naturelles, visibles dans sa relation directe avec son public, rapidement conquis et en empathie réciproque.

Cette légende de Bun Hay Mean révèle un humaniste, qui n’hésite pas à donner son mail perso pour entretenir une relation privilégiée avec son public. Un vrai showman à l’éthique remarquable : il refuse de se fourvoyer comme beaucoup trop d’autres humoristes dans certaines émissions de télé. Pour lui, son métier se passe sur scène.

J’espère à travers cette humble chronique réussir à vous inciter, les hiboux et les autres, à rejoindre le clan de ce chinois plus que marrant et surtout attachant.

Article rédigé par
Dominique
Dominique
passionné de Théâtre