Depuis les années 1980, Kiyoshi Kurosawa s’est fait un prénom dans l’univers du cinéma de genre japonais. Son succès critique ces dernières années, notamment en Europe, lui a ouvert les portes de l’Hexagone : c’est en France qu’il a tourné son nouveau film, Le Secret de la chambre noire, qui sort le 22 février. Portrait d’un cinéaste pas comme les autres.
Depuis les années 1980, Kiyoshi Kurosawa s’est fait un prénom dans l’univers du cinéma de genre japonais. Son succès critique ces dernières années, notamment en Europe, lui a ouvert les portes de l’Hexagone : c’est en France qu’il a tourné son nouveau film, Le Secret de la chambre noire, qui sort le 8 mars. Portrait d’un cinéaste pas comme les autres.
L’ascension
La carrière de Kiyoshi Kurosawa aurait pu très mal tourner : embauché par la firme Nikkatsu afin de réaliser un film érotique (un pinku eiga), le cinéaste débutant s’éloigne trop des codes du genre aux yeux de ses commanditaires. Cette « indiscipline » lui vaut d’être blacklisté, alors qu’il n’a pas trente ans. Il se tourne vers l’enseignement, avant que son ami et collègue Juzo Itami (auteur du gourmand Tampopo) le fasse revenir, par la petite porte, au cinéma.
Un style s’affirme
Issu, comme Shinji Aoyama (auteur d’Eureka), de l’université de Rikkyo où il a perfectionné son art, caméra super-8 en main, il impose enfin sa science de la mise en scène à la charnière des années 1980 et 1990. Sweet Home et The Guard from the Underground constituent deux essais transformés. Son talent à poser des climats aussi inquiétants qu’irréels s’y affirme. Il en donne une version magistrale dans Cure, étrange polar qui lui vaut une reconnaissance internationale. Les critiques louent son style bien à lui : un usage hypnotique des leitmotivs, une omniprésence du son, un goût prononcé pour l’ironie… (Autant de facettes à retrouver dans la Collection Kyoshi Kurosawa qui rassemble ses meilleurs films)
La confirmation
Auréolé de ce retour en grâce et d’un accueil favorable dans plusieurs pays, dont la France, Kurosawa va progressivement devenir un habitué des festivals (notamment de Cannes, où il reçoit le Prix du jury – Un certain regard pour Tokyo Sonata en 2008), en tournant beaucoup, en variant les sujets, sans rien perdre de ses accointances avec le cinéma de genre dont il s’approprie les codes pour mieux les transcender, comme le démontrent Kaïro ou Loft. Son goût du grinçant et de la satire s’illustrent à merveille dans ses « polars » qui, dans la continuité de Cure, intègrent des éléments surnaturels : Charisma et son arbre menaçant, Séance et sa drôle de medium…
Autour du monde
Au cours des années 2010, le réalisateur continue d’enchaîner les tournages et se permet d’innover : avec Shokuzai, il s’essaye à un format nouveau, en réalisant une mini-série télévisée autour du parcours de quatre jeune femmes témoins d’un meurtre alors qu’elles étaient écolières. Il a également mis en scène l’amour, avec une touche toute personnelle, dans Real et Vers l’autre rive, deux de ses métrages sortis ces dernières années. Avec Le Secret de la chambre noire, Kyoshi Kurosawa se frotte désormais au cinéma européen, chose rare pour un cinéaste venu du Japon ; un défi que seul un cinéaste aussi iconoclaste pouvait relever !