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Jean Teulé en phase d’adaptation

01 février 2017
Par Melanie C.
Jean Teulé en phase d’adaptation

La récente sortie au cinéma de Fleur de tonnerre vient rappeler l’importance de l’œuvre de Jean Teulé, auteur du roman dont ce film est adapté. Retour sur le parcours atypique de l’une des voix les plus singulières de la littérature française, mais aussi donc… du septième art.

Le-magasin-des-suicides

Destin animé

Si aujourd’hui le nom de Jean Teulé est associé à une large série de best-sellers, il est d’abord passé par la bande dessinée et la télévision avant de se consacrer à la prose. Un passé dans le domaine de l’image rappelé en quelque sorte par Patrice Leconte, réalisateur des Bronzés et du Mari de la coiffeuse, qui n’hésita pas à adapter l’ancien auteur de BD lors de son passage à l’animation en 2012 avec Le Magasin des suicides. Un livre décapant, dans lequel l’ironie de Teulé faisait merveille à raconter l’enfance d’Alan, un gamin plein de joie de vivre né dans la boutique dédiée aux suicides d’une ville en proie à la sinistrose.

Noirceur chérie

Charly-9Le-Montespangens-de-france-teuleDarling

Chez Jean Teulé, rares sont les histoires sans cruauté. Si ses romans historiques peignent des époques troublées politiquement et des personnages qui en paient le prix (les guerres de religion dans Charly 9, les intrigues de la cour de Louis XIV dans Le Montespan), ses œuvres plus « sociales » font largement la part belle à la violence subie au quotidien, comme le montre par exemple ses albums réunis sous le titre Gens de France et d’ailleurs. Une lucidité sur la part la plus sombre de l’humanité qui explique la force du film Darling, adapté d’un roman bouleversant dans lequel on suit toutes les étapes menant au destin brisé de l’héroïne, incarnée à l’écran par Marina Foïs.

La pire des vérités

Mangez-le-si-vous-voulezFleur-de-tonnerre

La brutalité, collective ou individuelle, rend l’œuvre de Teulé aussi puissante que difficile. Dans ses romans aux sujets soigneusement choisis, il n’hésite pas à s’emparer de macabres faits divers et à en donner une lecture humaine, en revenant sur certains détails significatifs. Mangez-le si vous voulez revient ainsi sur « l’affaire de Hautefaye » qui vit plusieurs paysans torturer et tuer un aristocrate pris à tort pour un Prussien pendant la guerre de 1870. Avec Fleur de tonnerre, Teulé s’est plongé dans l’un des plus sombres et des plus passionnants cas criminels de l’Histoire de France : le parcours terrifiant d’Hélène Jégado, qui a empoisonné plusieurs dizaines de personnes en Bretagne au XIXe siècle. Nul ne pouvait douter qu’un sujet aussi fort et intriguant ne devienne à son tour un film ; sous la caméra de Stéphanie Pillonca-Kervern, Déborah François incarne cette « héroïne » que Jean Teulé avait souhaité décrire dès l’enfance, période où elle aurait beaucoup souffert de l’avanie de sa mère. Dans le livre, comme dans le film, son humanité est aussi troublante que sa monstruosité. Une constante dans l’univers d’un auteur jusqu’au-boutiste et dont l’œuvre sans compromission devrait faire encore les beaux jours du septième art.

Article rédigé par
Melanie C.
Melanie C.
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