Avec la disparition d’Emmanuelle Riva le 27 janvier 2017, c’est tout le cinéma français, et le cinéma d’auteur en particulier, qui est en deuil. Et la formidable actrice d’emporter avec elle le phrasé si singulier et la sincérité dans le jeu qui lui ont permis de ne jamais quitter le monde du septième art ou de la scène pendant près de soixante ans.
En 1959, avec Hiroshima mon amour, Alain Resnais, sur un scénario de Marguerite Duras, présente non seulement un film qui marquera l’histoire du cinéma, mais révélera aussi un nouveau visage, celui d’une actrice à la présence à la fois forte et effacée, Emmanuelle Riva.
Icône du film d’auteur
Rien ne prédisposait pourtant la jeune femme à être ainsi mise en lumière : ni sa famille d’ouvriers, ni son enfance dans les Vosges, ni sa méconnaissance du milieu. C’est à force de volonté et de passion qu’elle gagne les planches de théâtre. Remarquable, elle se fait vite remarquer. Ainsi des cinéastes l’imagineront en veuve de guerre énamourée d’un curé (Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville), en épouse d’un instituteur accusé de viol (Les Risques du métier d’André Cayatte), plongée en pleine guerre d’Algérie (Liberté, la nuit de Philippe Garrel) ou dernièrement en femme au seuil de la mort (magnifique Amour de Michael Haneke). Des rôles souvent durs et dramatiques qui lui valent de nombreuses récompenses et nominations.
Le goût de surprendre
Pourtant, Emmanuelle Riva a su aussi offrir un visage plus souriant, que ce soit sur scène (en interprétant du Molière et du Goldoni), au petit écran (Vénus et Apollon) et même au cinéma. On la retrouve ainsi dans des seconds rôles chez Jean-Pierre Mocky (Y-a-t-il un Français dans la salle ?), Ariel Zeitoun (XXL), Tonie Marshall (Venus beauté (institut)) ou encore Julie Delpy (Le Skylab). Et à chaque apparition, on se retrouve captivé, sous le charme de ce phrasé ensorcelant et de ces yeux pleins de malice. L’actrice était toujours heureuse d’aller là où on ne l’attendait pas. Et ça se voyait à l’écran. Au revoir Emmanuelle !