Dix-sept ans après Aux fruits de la passion, le dernier volet en date de la série Malaussène, Daniel Pennac nous offre un nouveau rejeton digne de ses parents. Le temps a passé : les enfants ont grandi, l’oncle Benjamin a pris quelques rides, le clan a essaimé loin de Belleville. Mais la tendresse et la loufoquerie demeurent. À savourer !
Des héros et des fous
Ne prenez pas cet air ahuri. Vous ne pensiez pas qu’ils avaient pris leur retraite, tout de même ? Que nenni. Les revoilà au grand complet, toujours aussi vifs et déjantés : Benjamin, Julie, Clara, C’Est Un Ange… Certes, ils ont un peu changé les héros de Daniel Pennac. Dans Ils m’ont menti, Le cas Malaussène Tome 1, nous sommes en 2016, le monde est envahi de terrorisme et de « rézosocio ». Devenu juge d’instruction, Verdun traque le crime dans ses plus sombres recoins. Maracuja, elle, se promène sous les tropiques. Les séances sur Skype ont remplacé les dîners du clan. Qu’importe : lorsque le fameux George Lapietà, financier fumeux et ennemi numéro 1 de la série Malaussène, se fait enlever par une mystérieuse bande de syndicalistes, la machine familiale se met en branle pour le meilleur et pour le pire.
Pertinent Pennac
Il peut être risqué de vouloir ressusciter de vieux héros dans un contexte tout neuf. Daniel Pennac s’en tire pourtant brillamment, proposant un subtil mélange de lucidité et d’admiration pour le monde contemporain. Ses héros s’intègrent si bien dans notre quotidien que l’on se demande s’il n’avait pas tout prévu. Le vieux Lapietà nous parle d’hyperfinanciarisation, un phénomène (ô combien) actuel. La Reine Zabo et sa maison d’édition soulignent le goût contemporain pour les livres-chocs pleins de « vérités vraies ». Les ONG prisées par les jeunes Malaussène en prennent pour leur grade. Bref, on se reconnaît, et on s’en amuse… Mieux qu’un écrivain de la jeune garde, Pennac nous montre gentiment nos travers pour nous rappeler quelques bases essentielles.
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Parution le 3 janvier 2017 – 320 pages