L’adoption vue par une « pièce rapportée » : c’est le parti pris d’Arno Monin et Zidrou pour évoquer un sujet sensible. Les deux compères mettent en scène les sentiments inattendus que peut faire naître l’arrivée d’un enfant qu’on n’attendait pas…
Zidrou – Monin : un duo gagnant
Le scénariste bruxellois Zidrou est un touche-à-tout, mais qui touche souvent à l’humour. On le connaît dans l’équipe Spirou, on le connaît aussi pour le retentissant succès de L’Élève Ducobu. Mais si, vous savez, ce cancre mal dégrossi qu’on adore détester ! Sur un registre plus intimiste, Zidrou a déjà collaboré avec Arno Monin en 2014 pour Merci, une BD pleine de bonnes ondes et d’humanisme. C’est dans cette veine que s’inscrit L’Adoption, album publié dans la collection Grand Angle.
Une BD dans les tons pastel
Le sous-titre de l’album indique sobrement « Qinaya ». Qinaya, c’est une péruvienne, une toute petite chose laissée orpheline après le passage d’un séisme dans sa ville natale. Séisme décrit également les sentiments que l’arrivée de la fillette va provoquer chez Gabriel, boucher retraité de son état, et grand-père malgré lui. Monin et Zidrou proposent ici une histoire qui réchauffe, qui fleure bon le caramel au beurre salé et la barbe à papa. Douceur des couleurs et des traits : l’album se dévore comme une friandise, un dimanche au coin du feu.
Derrière le joli conte…
Cependant, ne croyez-pas que L’Adoption est une histoire fleur bleue ! Le manichéisme n’a pas sa place dans le scénario. Le deuil, les regrets, l’amertume et le ressentiment, Qinaya fait ressortir malgré elle bien des émotions enfouies. Alors que la narration s’égrène tranquillement, on pénètre par petites touches le for intérieur de personnages complexes. Enfin, on reste scotché par un retournement final qui vient nous prendre aux tripes. Et on attend la suite avec une fringale de tous les diables !
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Paru le 4 mai 2016 – 66 pages
L’Adoption (tome 1, Qinaya), Zidrou et Arno Monin (Bamboo) sur Fnac.com
© Zidrou & Arno Monin, Bamboo