Shangri-La, space-opera post apocalyptique, est le nouvel opus de Mathieu Bablet, qui avait déjà abordé la SF dans La Belle Mort. Depuis que la terre est devenue inhabitable, les hommes vivent sur une station spatiale entièrement régie par une multinationale à qui l’on voue un véritable culte. Un meilleur des mondes qui ne fait pas que des heureux…
Une humanité heureuse ?
Ce pourrait être une société parfaite où les habitants vivraient heureux, s’épanouissant dans la consommation, se conformant à des normes sécurisantes, dans une sorte d’aliénation consentie… On y travaille aussi sur un projet ambitieux : recréer des conditions de vie terrestre à Shangri-La, une région de Titan, satellite de Saturne, et, dans la foulée une nouvelle espèce humaine, capable de s’adapter à cette nouvelle vie. Une façon de devenir l’égal des dieux…
Des grains de sables dans les rouages
Mais tout le monde n’adhère pas à ce projet démesuré et potentiellement dangereux pour les hommes. Par ailleurs ce modèle de société bien réglée laisse peu de place au libre arbitre et à l’égalité. Les animoïdes, êtres mi-hommes mi-animaux, représentés par John, un des héros, sont considérés comme inférieurs aux humains et aspirent à une meilleure reconnaissance. Tous ces mécontents pourraient bien s’associer pour ébranler l’autorité du Léviathan.
Du fond et de la forme…
Des thèmes sérieux comme la liberté individuelle, le racisme, le spécisme, la terraformation (capacité des hommes à recréer une vie terrestre) sont abordés par le biais des aventures d’un groupe de révoltés et dans la description de cette vie sur orbite. Mathieu Bablet, qui a le sens du détail, nous offre des décors à l’esthétique aboutie, ainsi que de très belles scènes dans l’espace qui ne sont pas sans rappeler Gravity ou Alien, dont l’auteur avoue s’être inspiré. Giger n’est donc pas loin, et Moebius non plus. Mathieu Bablet, comme à son habitude, signe aussi bien le scénario, les dessins que la colorisation. Et c’est peut-être un des secrets de la réussite et de la cohérence du projet de ce talentueux nouveau venu dans le monde de la BD.
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Paru le 2 septembre 2016 – 224 pages