Marcello Quintanilha, récompensé par un Fauve Polar en 2016 à Angoulême pour Tungstène, revient avec un autre thriller, psychologique cette fois, brillamment mis en scène : la crise intérieure et destructrice dans laquelle va sombrer Rosangela, une jeune femme de la bourgeoisie brésilienne.
Le bonheur et pourtant…
Rosangela a, comme on dit, tout pour être heureuse. Issue d’un milieu privilégié, elle est dentiste et vit dans un quartier chic avec un mari cardiologue renommé, sympathique et très amoureux. Ils ont deux enfants qui fréquentent une très bonne école privée. Rosangela vit avec ce sentiment d’appartenir à une classe supérieure, de posséder ce que beaucoup n’ont pas, d’être au-dessus des autres. Tout serait parfait si la pensée de sa cousine, si pauvre, qui a si peu de chance mais qui pourtant demeure si jolie, souriante et sereine ne la taraudait pas, ne remettait pas en cause cette autosatisfaction…
Une étude clinique
On suit Rosangela dans son quotidien, et tout se passe dans sa tête. Exprimées à la troisième personne on découvre les pensées de Rosangela, sa bonne conscience, son sentiment de supériorité, la sourde jalousie éprouvée pour sa cousine et ce malaise bizarre qui va la conduire à la crise et à une conduite autodestructrice. Le feu couve derrière le dessin en noir et blanc, les gestes anodins de Rosangela, la banalité des dialogues. La voix off, décrivant de manière presque clinique les tourments intérieurs de Rosangela accentue le contraste, et le malaise.
Un style pour chaque scénario
Après la couleur dans Mes chers samedis, une option plutôt réaliste dans Tungstène, Marcello Quintanilha adapte une fois de plus son dessin au scénario de son roman graphique, choisissant un trait imprécis et un traitement pixélisé de certaines images, qui contraste avec le côté quasi clinique des commentaires.
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Paru le 19 août 2016 – 160 pages
Traduit du portugais (Brésil) par Christine Zonzon et Marie Zéni
Talc de verre, Marcello Quintanilha (Çà et Là) sur Fnac.com
Planches et dessins de Marcello Quintanilha © Çà et Là 2016