LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Alain L. : « Ce roman très court d’à peine plus de 70 pages, d’une rare densité sur Cuba, se révèle être un excellent livre. Comme « un disque rayé », la vie s’égrène durant 33 courts chapitres. Tout n’est que répétition, rengaine, recommencement perpétuel dans ce pays qui vit dans une moiteur, une torpeur permanente et une peur constante. »
33 révolutions
Le coup de cœur d’Alain L. (Levallois-Perret)
Une vie de petites luttes quotidiennes
Des luttes récurrentes apparaissent dans un quotidien terne. Face à un travail sans intérêt il faut faire profil bas et laisser le temps s’écouler. Il faut être méfiant dans son immeuble avec ses voisins comme partout dans la ville. Les rumeurs qui courent sont dangereuses à relayer. Remplir le frigidaire n’est pas chose aisée malgré les dollars salutaires régulièrement reçus. Les cauchemars ressemblent à la réalité. Chaque fin de mois avec la paie obtenue, le rhum se révèle être un compagnon fidèle.
La tentation de l’océan
Amateur de photo, le trentenaire divorcé, désabusé, trouve du réconfort auprès de sa voisine russe, une exilée. Admirer la mer offre une éclaircie dans cette vie monotone. Des esquifs fragiles quittent la côte, synonymes d’espoir et d’évasion, mais le risque est permanent avec les tempêtes tropicales si dévastatrices.
Et puis un jour il y a la rumeur de trop qui éveille opposition, révolte. Comme tant d’autres, le photographe prend la mer qui met fin à un « disque rayé ».
Un très bon roman sur Cuba, son désenchantement et son désespoir. Comme le personnage de Canek Sánchez Guevara le dit « Nous résistons dans l’isolement. Nous survivons dans la répétition ».
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Paru le 25 août 2016 – 112 pages
Traduit de l’espagnol par René Solis