LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Sylvette C. : « Quoi de plus douloureux que le suicide d’un être proche ? Sylvain s’est pendu dans la maison de sa mère, laissant sa famille et ses amis sidérés, sans aucune explication, avec un questionnement sans fin, des regrets, des remords, de la culpabilité encore et encore. »
Ceux qui restent
Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau)
Quoi de plus douloureux que le suicide d’un être proche ? Sylvain s’est pendu dans la maison de sa mère, laissant sa famille et ses amis sidérés, sans aucune explication, avec un questionnement sans fin, des regrets, des remords, de la culpabilité encore et encore.
Ceux qui se noient
Ce sont ces proches justement que Marie Laberge fait parler ou met en scène : sa femme d’abord, socialement déclassée peut-être, mais élevant leur fils avec tendresse, à sa façon, et bien sûr dépassée dès que l’enfant devient adulte. Puis la mère, totalement dévastée par cette mort, et qui va sombrer peu à peu dans la démence. A-t-elle failli ?
Ceux qui surnagent
Vient ensuite le père de Sylvain, plein de culpabilité. Il se raccroche à l’entourage de son fils pour essayer de comprendre. Il rencontre ses amis et découvre Charlène, la maîtresse, généreuse et ouverte, avec laquelle il noue une amitié qui va les sauver tous les deux. Ils sont rejoints par Stéphane, le fils de Sylvain, et c’est ce trio que l’auteure fait évoluer en alternant leurs histoires passées et actuelles, mêlant leurs états d’âme, leurs longues interrogations, leurs difficultés à survivre et à vivre. Chacun prend le chemin qui lui semble le plus facile, mais est ce le bon choix ? Leur histoire personnelle finit par se recouper avec une efficacité spontanée et naturelle.
Une langue originale
Marie Laberge réussit ce coup de force d’alterner une langue hybride entre français, québécois et canadien, prononcée selon le personnage qui parle ou dont on parle, avec une aisance remarquable et un tel naturel que l’on se surprend à réfléchir en canadien entre deux séquences de lecture !
La disparition de Sylvain rebat les cartes pendant deux décennies, et nous assistons à ce déchirement intense, bouleversant, dans une langue électrique et magique qui remue des émotions sans fin, et qui bouleverse nos modèles traditionnels.
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Paru le 4 mai 2016 – 576 pages