Dans le quartier canon de la Contrescarpe, pavé de glaciers et terrasses de café qui crient « Viens, viens ! », il y a aussi un théâtre très accueillant. La pièce « Et pendant ce temps, Simone Veille ! » s’y joue du 17 septembre au 1er janiver, après avoir déjà récolté un certain succès, puisque la troupe a dépassé les 400 représentations. Et pour cause…
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Une marche vers la libération féminine
Simone veille à nous rappeler quelques grandes étapes d’une évolution qui reste fragile, en nous faisant rire aux éclats. Co-écrite par Trinidad, Corinne Berron, Bonbon, Hélène Serres et Vanina Sicurani, cette pièce raconte sur plusieurs générations l’évolution du mode de vie des femmes, avec humour et intelligence.
Sous la baguette (et quelques autres accessoires) d’une Simone en maîtresse de cérémonie, qui apporte tous les éléments historiques nécessaires, trois femmes traversent les époques et franchissent les étapes d’une laborieuse libération.
Le premier tableau se passe dans les années 50. Ça frémit à cette époque car les femmes ont travaillé pendant la guerre et se rendent compte qu’enchainer les grossesses n’est pas un but en soi, qu’elles peuvent être indispensables autrement qu’au sein du foyer. On passe aux années 70 avec, évidemment, les projecteurs sur la loi du 17 janvier 1975 pour la légalisation de l’avortement. Défendue par Simone Veil, celle-ci fit grand bruit et le rappel de son origine avec le procès de Bobigny fait froid dans le dos. Enfin les années 96 et 2016 nous font tout autant rire avec la caricature des modes de vie. Par exemple le vêtement tout en un « body », qui est à se tordre.
Des comédiennes formidables
Les jeux de mots, anecdotes, et traits caricaturaux passent avec une interprétation à la fois survoltée et pleine de finesse. Hélène Serres est géniale en grande tige blonde, parfois naïve mais toujours positive. Nathalie Portal excelle dans le rôle de la prolétaire des années 50. Vanina Sicurani est toujours très juste, jusque dans sa très jolie voix. Car ça chante aussi entre chaque tableau ! Enfin, Dominique Mérot dans le rôle de Simone, réussit parfaitement le décollage contrôlé entre douce et grande folie.
Ce qui est chouette aussi dans la pièce c’est son état d’esprit : on est pas là pour pleurer sur tout le chemin qu’il reste à faire pour le droit des femmes. Ici elles sont toujours fortes et heureuses quoiqu’il advienne.
Alors oui, merci Simone ! Venez voir la pièce, ça ne peut pas faire de mal comme dirait l’autre.
Et pendant ce temps, Simone Veille ! – Théâtre de la Contrescarpe