Si le film « Braqueurs » de Julien Leclerc fait dans l’originalité en offrant au rappeur Kaaris son premier grand rôle, c’est aussi un thriller urbain, actuel, noir et sec…
Ils ne sont pas nombreux les rappeurs français que l’on aurait bien vu devant la caméra. Pour le coup, Kaaris était dans le lot. Avec son physique bodybuildé, son air sombre, son charisme imposant et sa noirceur profonde, il faisait un « héros » évident de films noirs, ce qu’il est effectivement devenu avec Braqueurs. Dans le rôle de Salif, chef d’un gang de dealers de Sevran, il reste dans son registre pour un personnage qui lui colle littéralement à la peau. Pour autant, si ce rôle ne lui demande pas une composition exceptionnelle, il l’habite totalement, à tel point qu’on se demande même comment personne n’y avait pensé plus tôt. Homme de peu de mots, il impressionne avec son regard noir, sa diction de caillera et cette folie qui l’habite. Charismatique, Kaaris est plus que crédible et clairement on n’aimerait pas avoir à affaire à lui. Finalement, jouer dans un long métrage semble être pour le K double A, la suite logique de ses clips ultra hardcore tout aussi noirs et violents que Braqueurs.
Une opposition de style
Parce que Braqueurs ne tient pas seulement sur la personnalité de Kaaris, ce serait faire fi des autres acteurs, tous confirmés (Guillaume Gouix, Youssef Hadji ou encore David Sarancino) et surtout de la performance tout en maitrise et en tension de Sami Bouajila encore une fois impeccable. Il est Yanis, le chef d’une des équipes de braqueurs qui compte parmi les plus efficaces de la région parisienne. Entre chaque coup, chacun gère comme il peut sa vie familiale, entre paranoïa, isolement et inquiétude des proches. Par appât du gain, Amine, le petit frère de Yanis, va commettre une erreur… Une erreur qui va les obliger à travailler pour des caïds de cité. Cette fois, il ne s’agit plus de braquer un fourgon blindé, mais un go fast transportant plusieurs kilos d’héroïne. Mais la situation s’envenime, opposant rapidement braqueurs et dealers… Et outre la violence que cela engendre, cela montre aussi une opposition à la fois dans la façon de faire et dans celle de voir les choses. Entre les braqueurs, professionnels, attentifs, préparant minutieusement chaque coup, essayant si possible de ne tuer ou de ne blesser personnes et les « dealers » plus instinctifs, moins « respectueux » d’un certain code d’honneur, ce sont deux mondes du banditisme qui s’affrontent. Au final, cela donne un polar nerveux, brutal et parfois violent, une preuve de plus en tout cas que le cinéma français sait toujours aussi bien produire des films noirs.
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